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l'ayatollah du rock
23 juin 2016

[Le Chemin de la Honte] follow the shame way

Date : jeudi 23 juin 2016

 

C’est jeudi, peut-être déjà le dernier jour de l’été, en tout cas il fait très chaud, y compris à l’Olympic, et cela incite à rester dehors le plus longtemps possible, voire à ressortir régulièrement, même si la température dans la cave, où se déroulent les concerts, est relativement clémente. Le public prend le temps de venir, le temps de descendre, et il faudra attendre la moitié de la soirée pour considérer que les spectateurs sont nombreux et assidus devant la scène...

Il n'y a pas d'ordre prédéfini pour cette soirée co-organisée par le Turc Mécanique et Danger Records, alors il faut attendre un petit moment avant de comprendre que le bonhomme seul derrière ses machines et son micro est Âme de Boue, et la vérité est que je ne résiste guère plus d'un titre avant de remonter boire une bière, sans pouvoir donner un avis honnête sur cette prestation. Ce qui est sûr, c'est que la plupart des spectateurs sont jusqu'alors demeurés à l'extérieur, et qu'il faudra redonner à l'occasion une deuxième chance à ce one-man-band, dans des conditions moins infernales, et avec une autre ambiance.

J'ai à peu près la même chose à dire, ou plutôt à ne pas dire, en ce qui concerne le set de Terrine, à quelques détails près : ce n'est ici par un homme mais une femme qui officie derrière ses machines, et on est sans doute un peu plus dans un style à teneur industrielle évidente, mais pour le reste je ne reste pas non plus suffisamment longtemps pour juger de la musique de la donzelle. À retester donc, en live si possible, ou en studio puisqu'on trouve pas mal de choses à écouter en ligne...

Pour être franc, si j'ai affronté les transports en commun après avoir pris une douche en rentrant du boulot (effet fraîcheur garanti, mais qui ne dure que quelques minutes), c'est pour assister à la prestation de Le Chemin de la Honte, que j'avais découvert, émerveillé, il y a un an au Point FMR lors de l'anniversaire du label, et dont l'album très réussi a confirmé le talent par la suite. Ce soir, le quatuor à tendance post-punk (même si cela englobe pas mal de choses, cette dénomination reste éminemment noble pour moi) a réussi à faire descendre de nombreux spectateurs, qui comme moi savent à quoi s'attendre... Les deux basses créent une ambiance sombre à souhait, au sein de laquelle la batterie et la guitare s'insèrent avec un plaisir non dissimulé, et la voix de la chanteuse-bassiste est suffisamment posée et obsédante pour susciter une attention extrême dans le public, qui ingère les morceaux proposés avec force applaudissements, preuve que je ne suis pas le seul à être impressionné par ce qui nous est offert. À titre d'exemple, on pourra citer les joies du métier, qui est d'une efficacité redoutable, ou encore trois sœurs, qui me laisse sur le cul, mais avec un sourire béat, au moins intérieurement. Bref, que peut-on reprocher à cette prestation, en dehors d'une durée inférieure à 40 minutes ? Ce groupe fait partie de ceux qu'il faut absolument voir si vous en avez l'occasion, et j'attends la prochaine date parisienne, voire francilienne, avec une impatience que je ne nie pas !

Après avoir repris un peu d'air frais, terminé une ultime bière, et assisté au massacre d'un vélo bien garé par un camion-poubelle refusant de rayer un véhicule mal garé, il est temps de tester Usé, l'un des nombreux projets de Nico, que l'on apprécie grandement au sein de Les Morts Vont Bien ou Roberto Succo. Seul en scène avec son habituelle guitare jouée à plat de manière percussive, des cymbales, des synthés aux sonorités Moroder, c'est une transe bien faite et pour le moins efficace que le bonhomme nous propose, et dans la salle cela réagit bien, et je suis peut-être le seul à trouver cela un poil répétitif. Entre deux appels au secours pour obtenir quelques verres de bière, le chanteur se démène sur scène, il terminera d'ailleurs sa prestation totalement imbibé de sueur, mais c'est le fait que les parties mélodiques soient enregistrées qui me dérange le plus, car même si cela laisse toute latitude au performer pour utiliser tout l'espace qui lui est dévolu, voire plus (il est dans la fosse pendant marilou), je préfère voir les musiciens jouer lorsque j'assiste à un concert... Alors, après une petite quarantaine de minutes, lorsque le set se termine sur un billie jean que je prends au énième degré, je reste un peu dubitatif devant ce qui vient de se dérouler : en gros, il faut que je me refasse la discographie du groupe pour vérifier qu'Usé vaut bien le coup, cela me permettra peut-être de prendre autant de plaisir que mes voisins du soir lorsque je le reverrai sur scène !

Pour clore la soirée, c'est un duo guitare-machines qui s'installe, Les Hôpitaux sont chauds bouillants, mais malheureusement la technique ne semble pas suivre... Les micros ne répondent pas présent, alors assez rapidement le guitariste va faire un tour, énervé, laissant son micro aux spectateurs, tandis que son acolyte chargé des machines crée un barouf d'enfer qui... me laisse assez indifférent. Peut-être est-il trop tard pour moi, peut-être ai-je atteint mon quota de musique pour la soirée, le fait est que je n'insiste pas très longtemps avant de repartir, après une soirée où les découvertes ne m'auront pas forcément marqué, mais où la seule présence de Le Chemin de la Honte aura suffi à faire qu'elle m'apparaisse comme excellente !

Il y a désormais une quinzaine de jours à patienter avant le retour des Ausmuteants (au Batofar, cela fait longtemps !), les deux mois d'été seront assez animés puisqu'il y aura deux énormes soirées punk au Gibus, ainsi que Jello Biafra au Petit Bain, et on peut escompter d'autres bonnes surprises...
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