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l'ayatollah du rock
12 juin 2016

[Rammstein] feuer frei !

Date : dimanche 12 juin 2016

 

Si on m'avait dit un jour que je me retrouverais à un concert de métal, j'aurais ri au nez de mon interlocuteur. Mais en ce dimanche, c'est bien en direction de l'Hippodrome de Longchamp que je me dirige, pour assister au Download Festival, dont la liste des groupes à l'affiche (Iron Maiden, Korn, Deftones, Saxon, Jane's Addiction, pour ne citer que les plus connus) me donne des insomnies et des éruptions cutanées rien qu'à la lire... Explication : un billet acheté en guise de cadeau d'anniversaire, une invitation récupérée in extremis (merci encore, Steeve !), histoire de ne pas abandonner ma mie au milieu des hordes de barbares chevelus et embierrés, donc sur les coups de 21h nous nous retrouvons sur le site, à tenter de nous approcher un brin de la grande scène.

 

Si une certaine déception nous a envahis à l'entrée (il n'y a pas de steak de cheval fourni avec les billets, pourtant à 66 euros la place on aurait pu l'espérer, non ?), on avance avec lenteur et circonspection, méfiants suite aux fortes ondées de l'après-midi qui ont rendu la pelouse à peine utilisable pour un championnat du monde de catch dans la boue. Il y a trois scènes en tout, sur la scène 2 on entend les délicieux Megadeth en train de torturer leurs guitares pour en extirper 217 notes à la seconde, le son s'amenuise un peu en se rapprochant de la petite scène, la seule située sous une tente, où les Français de Last Train sont en train de démontrer que ceux qui m'incitaient à aller les voir se trompaient, la lourdeur du rock'n'roll des Mulhousiens ne coïncidant pas avec mes critères de beauté musicale...

 

Mais foin de ces concerts que l'on n'écoute que d'une oreille distraite (et malheureusement pas assez sourde), c'est pour le dernier groupe du festival que nous avons bravé les éléments et les a priori : Rammstein est dans la place, et à compter le nombre de t-shirt à leur effigie, on comprend qu'une bonne partie des spectateurs est au moins en partie venue pour ne pas rater le show qui va bientôt démarrer... D'ailleurs, un peu après 22h, un décompte d'une minute est entamé sur les écrans flanquant l'immense scène, repris en chœur par des spectateurs surchauffés, et lorsqu'un premier feu d'artifice éclate derrière la scène, c'est une immense ovation qui accompagne l'ouverture des tentures, l'apparition des musiciens, un par un, à des niveaux différents (les poulies jouent un rôle essentiel dans la chorégraphie), et le début d'un set qui verra les spectateurs scander les refrains à qui mieux mieux et s'enthousiasmer dès les premières notes de chaque titre. Ne maîtrisant pas la discographie du groupe, j'ai un regard assez neutre ou distancié sur sa musique, qui m'apparaît comme plutôt martiale, mais pas (ba)lourde, l'efficacité est souvent là, sauf à mon sens lorsqu'on laisse trop de latitude aux claviers... Car s'il y a autour du chanteur très maquillé (encore plus que ses comparses, pourtant eux-mêmes bien grimés) deux guitares, une basse et une batterie, 4 musiciens aux pectoraux saillants et à la musculature assumée, le claviériste joue visuellement le décalage, dans son pyjama une pièce, tournant autour de ses claviers disposés à l'horizontale et à la verticale, c'est plutôt réussi, aux intermèdes Bontempi près, qui me hérissent le poil comme on pouvait s'y attendre. Les deux guitaristes jouent les choristes avec entrain, l'ensemble des musiciens ne se laisse pas aller (le batteur doit laisser chaque soir quelques litres de sueur), mais l'essentiel est ailleurs : le show se concentre ailleurs que sur l'écoute...

Car, à grands coups de lance-flammes, installés sur les côtés de la scène, sur les guitares ou en haut d'une tour installée derrière les consoles, au milieu de la foule, mais aussi de nuages de fumée consécutifs à des explosions diverses, et de mises en scène efficaces, quoique souvent uniquement visibles sur les écrans, tant la foule dense empêche de bien voir directement la scène, c'est un spectacle total, qui voit le chanteur retirer un imper pour faire exploser une ceinture (pour calmer les esprits chagrins, les écrans affichent immédiatement après le signe de paix intégrant la Tour Eiffel...), le chanteur promener en laisse le clavier avant de s'élever au-dessus de la scène pour balancer sa dose de pyrotechnie (ich tu dir weh), et on regrette de ne pouvoir être au plus près de l'action, les deux écrans n'offrant qu'une diffusion partielle (et décalée de quelques dixièmes de seconde) de ce qui se passe, surtout lorsqu'on sait le travail titanesque des techniciens au niveau des lumières (il y a une multiplicité de rampes qui sont utilisées dans tous les sens, et sur 3 dimensions). S'il n'y a aucune interaction entre le groupe et le public, c'est sans doute dû à la grandeur/grandiloquence des effets, de la scène également, mais cela ne semble gêner personne, chacun sait que le spectacle est totalement rôdé, c'est du travail de pro que nous fournissent les Teutons. Si les cris et les mouvements de bras sont légion dans le public, et également (malheureusement) les téléphones ou caméras (filmer un écran, quel intérêt ??), l'ambiance est réellement bon enfant, jamais on ne ressent autre chose que du plaisir autour de nous, preuve que le public veut profiter intégralement des 90 minutes prévues, sachant qu'en festival les débordements horaires sont quasi impossibles. C'est l'occasion de constater que l'allemand (la langue) ne fait peur à personne, vu l'entrain mis à reprendre les paroles, et si je découvre la plupart des morceaux en temps réel, je n'ai guère de difficulté à en retenir la plupart des titres (du hast, ich will, du riechst so gut, mein herz brennt, tout cela est aisément accessible à n'importe quel spectateur non germanophile). En revanche, si mes sources sont exactes, c'est bien une reprise de Depeche Mode qui clôt le set (stripped), après 75 minutes bien efficaces.

Quelques cris et sifflets plus loin, le groupe revient, chantouille quelques paroles en français (frühling in paris), entonne l'hymne amerika avec une scène désormais entièrement zébrée de bleu-blanc-rouge, avant de voir le chanteur se retrouver enlevé vers le sommet de la scène avec une énorme paire d'ailes pétaradantes (engel), avant que le show ne se termine, définitivement, sur un sonne que visiblement tout le monde attendait/espérait. À ce moment, on constate que les 90 minutes prévues ont été bien dépassées, quasiment de 10 minutes, et c'est donc le moment de retourner vers la sortie, dans un genre de patinage sur boue général qui occasionne plus de rires que de réelles frayeurs. Que conclure de cette prestation ? Visuellement, c'est assez fort, les moyens employés sont gigantesques, pour un résultat à la hauteur. Musicalement, c'est carré, efficace, la voix puissante et variée du chanteur n'est pas trop mise à mal par les variations de niveau sonore des enceintes, mais cela ne m'incitera pas forcément à me plonger séance tenante dans les versions studio de ce que j'ai entendu ce soir, et même pas forcément non plus à chercher à revoir le groupe sur scène. Remarquez, vu les tarifs que chaque concert du groupe entraîne, les risques sont assez limités...

 

Set-list :

  1. Ramm 4
  2. Reise reise
  3. Hallelujah
  4. Zerstören
  5. Keine lust
  6. Feuer frei !
  7. Seemann
  8. Ich tu dir weh
  9. Du riechst so gut
  10. Mein herz brennt
  11. Links 2-3-4
  12. Ich will
  13. Du hast
  14. Stripped
  15. Rappel : Frühling in paris
  16. Amerika
  17. Engel
  18. Sonne

On prend le temps de se remettre de ces émotions, et on attend la fête de la musique, prétexte pour aller au Holy Holster Bar, sans doute, assister à la soirée comportant Warum Joe, 3 Gnomes et Holy Holster, excusez du peu !

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Commentaires
A
Bonjour !<br /> <br /> Intéressant de lire le point de vue détaillé d'un non-initié.<br /> <br /> Et surtout étonnant de rencontrer ici un autre client du HH bar. Peut-être nous y verrons-nous dans 6 jours ;)
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S
Ach! On sent l'émotion d'un grand futur fan ds ces quelques magnifiques lignes ! Merci pour ce concert magique et ce compte rendu tellement bien ficelé comme toujours.
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