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l'ayatollah du rock
8 juin 2016

[Hugo Race and the True Spirit] higher power

Date : mercredi 8 juin 2016

 

Mercredi soir, c'est à l'Olympic qu'il faut se ruer, avec une soirée organisée (une fois de plus) par le Collectif MU, et le public, s'il n'est pas forcément très nombreux, est de haute qualité, l'ambiance est comme toujours ici excellente, la Jenlain ambrée se laisse boire, bref tous les ingrédients pour passer une bonne soirée semblent réunis.

Pour entamer la partie musicale, c'est un trio entièrement féminin qui s'installe sur la scène, et on comprend assez rapidement qu'une bonne partie des spectateurs est venus pour assister à la performance de Delmar. On reconnaît Carole la saxophoniste, déjà aperçue régulièrement aux prestations des Youpi Youpi Yeah, et également Delphine Ciampi à la guitare, au pedigree reconnu largement au-delà de nos frontières, mais le chant et la batterie (debout) sont assurés par une inconnue (pour moi), une Margot dont la voix et la façon de chanter m'évoquent une Janis Joplin, sans pouvoir le garantir aux puristes évidemment. Pourquoi cette impression, alors ? Tout simplement car les sonorités se rapprochent nettement de la période fin 60's/early 70's, que le groove a tendance à régner en maître, et que le trio se présente comme officiant dans un genre "wild rock'n'soul" qui correspond bien à ce qui sort des enceintes. Les spectateurs réagissent plutôt bien, pour ma part de regrette que l'énergie soit en deçà de ce qu'elle pourrait être, et je n'accroche guère plus à la voix de la chanteuse, qui ne m'enthousiasme pas plus que celle de la chanteuse déjà citée. En sus, la saxophoniste utilise à l'occasion un clavier qui ne relève pas le niveau, loin de là, alors on laisse passer les trois quarts d'heure sans trop de passion, sans non plus penser à quitter les lieux, c'est juste qu'on attend la suite, et même la reprise finale des Temptations ne me fera pas me relever la nuit...

 

Remarquez, je ne devrais pas me plaindre, car le trio qui va suivre, intégralement masculin celui-là, me fera presque regretter de ne pas céder à la tentation de remonter au niveau du bar : Nicolas Ker, ancien chanteur de Poni Hoax, entre autres, est accompagné d'un guitariste et d'un violoniste, et s'il mise beaucoup sur sa théâtralité, cela ne compense pas les faiblesses vocales ni le manque d'émotion que peuvent créer ses morceaux. On remarque pourtant le joli travail du violoniste, ainsi que celui du guitariste, mais le problème du chanteur est qu'on a la sensation qu'il a beaucoup étudié les discographies d'un Johnny Thunders en version acoustique ou d'un Nikki Sudden, sans toutefois réussir à faire ressortir autre chose que des titres pas désagréables mais qui ne remuent guère les tripes ou le cerveau. On ne crachera pas dans la soupe, on peut comprendre que les organisateurs aient envie de faire jouer leurs amis, mais pour le coup la petite demi-heure de set, reprise pas mémorable incluse, ne motive pas grand monde, et n'est sans doute pas une bonne rampe de lancement pour l'album solo du chanteur qui vient de sortir...

 

Heureusement, c'est la tête d'affiche qui nous a incité à emprunter les transports en commun pour retraverser Paris après le boulot, et si j'avais pas mal d'albums de Hugo Race and the True Spirit (voire en solo) en stock, c'est la première fois que j'assiste à un concert du guitariste-chanteur australien et ses trois comparses, à la batterie, à la basse et au clavier. C'est donc l'excitation qui préside à l'heure où le quatuor s'installe, et si on a l'impression que les musiciens se lancent dans un dernier soundcheck, c'est bien le concert qui démarre avec un false idols grandement efficace. Ce titre est tiré d'un EP paru l'an passé, mais il y a également un album complet paru la même année, autant dire que la set-list va se baser essentiellement sur ces deux disques, et il ne va pas me falloir longtemps avant de comprendre qu'ils sont, à l'instar de pas mal des opus plus anciens, de véritables tueries ! En effet, le blues à l'australienne de l'ancien guitariste des Bad Seeds (sur les premiers albums du groupe de Nick Cave) est un mélange sacrément réussi de calme et de dureté bien rentre-dedans, et si les morceaux prennent le temps de se mettre en place, ils ne lassent jamais, les atmosphères sont totalement fascinantes, et si on ne comprend pas forcément aisément les paroles ou les interventions de Hugo (il est australien, on vous le rappelle), cela importe peu, car il réussit à faire passer l'émotion avec un talent deviné sur disque mais qui se confirme grandeur nature sur scène. Il faut dire également que ses acolytes sont loin d'être manchots, les rythmiques variant régulièrement, entre les titres voire au sein d'un morceau, et si le clavier abandonne son instrument de temps à autres, c'est pour s'emparer de maracas, d'un harmonica ou d'une trompette, pour un effet bœuf garanti, et cela sans jamais céder à la facilité du musicien qui se la pète, l'efficacité est toujours de mise, et comme il n'est pas question de perdre du temps, on a presque le sentiment de voir un enchaînement continu qui empêche de perdre le fil. Ces nouveaux titres (pour moi, car j'ai du retard à rattraper) sont dans la lignée générale de Gallon Drunk et autres joyeusetés qui trempent leurs racines dans le bayou, et il est donc impossible d'y résister, un titre comme mushroom ne peut laisser indifférent, ça danse dans les premiers rangs, et ça réagit moins ostensiblement mais assurément derrière. Sans s'en rendre compte, c'est une heure de set qui s'écoule, le plaisir est total, mais il est un poil gâché lorsqu'on se rend compte que peu après 23h30 les lumières ont été rallumées dans la cave, alors que le groupe joue encore, on constate également que la voix est désormais assez difficilement détectable, cela n'est pas dramatique mais c'est dommage de voir ce higher power ainsi abimé. Le groupe achève ses 69 minutes de prestation impressionnante, sans en rajouter, on n'est jamais dans la démonstration, la simplicité suffit, et le rappel (un plus ancien lsd is dead) peut ainsi convaincre les derniers irrésolus, et lorsque la musique cesse définitivement, après 78 minutes extraordinaires, il ne reste plus qu'à se jeter sur le merch' pour récupérer la dernière galette en date, histoire de se laisser l'opportunité de prolonger le plaisir au chaud (ou au frais, cela dépend de la saison) avec les versions studio de ces titres qui nous ont tant estomaqués ce soir. La conclusion de cette soirée, c'est une fois de plus qu'il ne faudra plus jamais rater une occasion de voir Hugo Race en scène, cet homme est d'une stature qui ne laisse aucun dilemme : il joue, on va le voir, et c'est tout !

 

Set-list :
  1. False idols
  2. Elevate my love
  3. Man check your woman
  4. The information
  5. Sleepwalker
  6. Wildcards
  7. Mushroom
  8. Hematite
  9. Poor boy
  10. Bring me wine
  11. Lip service
  12. Magnetic girl
  13. Higher power
  14. Rappel : LSD is dead

La suite, c'est dès le lendemain, jeudi donc, avec le retour à Paris de Kid Congo and the Pink Monkey Birds, au Point FMR.

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