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l'ayatollah du rock
6 mai 2016

[the Monsters] happy people

Date : vendredi 6 mai 2016

 

Avec un long week-end ensoleillé, les craintes de se retrouver en petit comité en ce vendredi soir au Point FMR sont réelles, et si elles sont un brin atténuées en arrivant sur le quai pas loin d'être bondé, dans la salle cela sonne vraiment le creux, et si cela se remplira petit à petit, on restera dans le domaine des petites cuvées, ce qui nous permettra au moins de respirer tranquillement, tant on sait combien les lieux peuvent devenir surchauffés et à la limite du soutenable en cas d'abondance de spectateurs...

Il est 20h30 pile lorsque le trio américain ("de Los Angeles", la précision est du chanteur-guitariste) Male Gaze branche ses instruments et amplis pour 40 minutes d'un "garage/noise" pas inintéressant par moments, mais qui lasse à d'autres, particulièrement lorsque le guitariste s'emploie à astiquer son manche avec un zèle évident quoique insupportable. Étonnamment, dans la présentation de la soirée le groupe se voit accolé des références aussi intéressantes que Joy Division ou Robert Smith, sans que jamais cela ne se ressente un seul instant pendant la prestation, et si c'est plutôt parfois un grunge à la Nirvana qui pourrait à la rigueur servir de modèle, parler de la scène garage-psyché de San Francisco semble en revanche nettement plus raisonnable, ce qui ne m'arrange pas forcément. C'est bien fait, on ne le niera pas, et une bonne partie des spectateurs dodeline de la tête au rythme des riffs et du jeu d'un batteur puissant accompagné d'un très blond bassiste au profil de surfeur. Mais si on ne sort pas en courant (ce qui semble d'ailleurs compliqué, les videurs interrogeant les sortants sur leurs motivations pour ce faire...), on n'en attend pas moins la fin du set avec un poil d'impatience, car clairement ce n'est pas pour la première partie qu'on s'est déplacés, et on n'en conservera pas un souvenir ému non plus.

En revanche, c'est la tête d'affiche qui nous a fait sortir du frais cocon, puisque the Monsters est un quatuor suisse, côté alémanique, dont les prestations scéniques valent suffisamment le coup d’œil pour se répéter à fréquence rapprochée. Dans leur costume habituel (chemise blanche, veste rouge), les quatre musiciens (deux batteurs, face à face, qui se partagent la grosse caisse, un bassiste qui assure les chœurs, et un guitariste-chanteur à la mèche rare mais tenace qui officie également en one-man-band sous le patronyme de Reverend Beat-Man) ne traînent guère, et enfilent les titres décrits sous l'appellation "WILD PRIMITIVE CHAINSAW MASSACRE TEENAGE GARAGE PUNK TRASH", ce qui correspond à un genre de psychobilly en version très punk, mais qui peut s'avérer extrêmement rockabilly à l'occasion, et qui mélange allègrement énergie, fun, et humour présent en permanence. Car il faut savoir qu'après 30 ans de carrière, le groupe prend toujours un plaisir immense sur scène, cela se voit sur les visages des musiciens, et cela se ressent dans la salle, où un joli pogo est entamé dès les premières minutes du set, et ne cessera qu'au rallumage définitif des lumières... Même s'il ne parle pas suffisamment bien (à son goût) français, cela n'empêche pas le Reverend d'être gentiment bavard, mais également hilarant, lors de ses introductions de morceaux, du genre "the next song is... another song", et si certains titres peuvent être soupçonnés de pompages (n'est-ce pas the witch sous le nom i kiss you dead ?), ce n'est pas le cas de l'impayable ce soir, et que penser du refrain "happy people make me sick", hormis qu'il flanque la banane à tous les spectateurs ? Alors on peut arguer du fait que ce n'est pas toujours fin, j'aurais même tendance à penser que c'est encore plus brouillon que d'habitude ce soir, mais l'essentiel est ailleurs, puisqu'il s'agit de passer une bonne heure de concert, et que l’objectif est largement atteint voire dépassé ! Donc si vous avez l'occasion de voir les Bernois sur scène, n'hésitez pas, vous en ressortirez ravis et remontés comme des coucous (évidemment) !

La suite, cela sera sans doute dès jeudi prochain au Petit Bain avec Papier Tigre, en attendant les dates excitantes de Villette Sonique en fin de mois (Sleaford Mods, Protomartyr, Frustration...).
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