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l'ayatollah du rock
30 janvier 2016

[Limbo Festival #2] always come back

Date : samedi 30 janvier 2016

 

Le Limbo Festival #2 a bien mal démarré, puisque sa première soirée, prévue vendredi soir, a dû être annulée pour cause de défection de la tête d'affiche, les Irlandais de Girl Band commençant à devenir des spécialistes du dépôt de lapin... Résultat, des remboursements pour tous, enfin cela reste de la théorie tant que Digitick ne répond pas (mais c'est une autre histoire), sauf pour ceux qui veulent changer leur ticket du vendredi pour celui du samedi, le lieu restant le même, un Petit Bain qui devient plus qu'habituellement le lieu de résidence des bons concerts parisiens depuis plusieurs mois.

Les organisateurs ont prévenu, le premier groupe joue à 20h pétantes, alors une partie du public se pointe un peu avant en prévision, mais comme les portes ne sont pas ouvertes avant 19h50, on se doute qu'il y aura du retard à l'allumage.
Et il est effectivement 20h15 lorsque Roberto Succo arrive sur scène, un groupe au sujet duquel vous aurez beaucoup de difficultés à trouver des infos, vu qu'il ne semble avoir aucune connexion sur le Net. Cependant, rien que le fait de savoir qu'il s'agit d'un trio, composé de Jessica93 (au clavier, parfois à la guitare), du chanteur de Les Morts Vont Bien (mais aussi Usé ou encore Headwar) aux percussions, et d'un bassiste échappé de Noir Boy George, autant dire que c'est la crème de l'underground français qui se réunit pour un projet pour le moins alléchant. En une grosse demi-heure (on aurait bien aimé en avoir un peu plus), le groupe qui ouvre les hostilités (il aurait dû le faire vendredi soir) nous fait une petite démonstration de son savoir-faire, dans un style que l'on peut qualifier grossièrement de noise, sans que cela n'explicite l'énergie et les sensations qui électrisent la foule qui a fini par presque remplir une salle qui sonnait le creux au début du set. Si les boîtes à rythmes peuvent de loin évoquer un Doktor Avalanche, le clavier et la basse sont bien sombres, tout comme les chants que les trois membres se partagent, pendant que la percussion est visuellement et acoustiquement impressionnante : en sus des cymbales et toms classiques, c'est une guitare à plat qui est maltraitée (elle chutera au moins trois fois) à grands coups de baguettes, et le son généré est extrêmement percutant et excitant, et ce que l'on peut considérer comme un genre de "super-underground-band" est une franche réussite, les moments où Jessica93 emploie sa guitare ajoutant un certain plus au son déjà très réussi du groupe avec le clavier. Bref, après cette prestation, on en trouve beaucoup à se désoler de ne point pouvoir trouver de traces musicales, physiques ou numériques, et de devoir se contenter d'apparitions scéniques, celles-ci laissant un sentiment de puissance qui ne demande qu'à se renouveler si possible...

Le temps de changer la scène, et on voit arriver un quintet sur scène, en provenance de Londres : Ulrika Spacek est composé d'un batteur, d'un bassiste, et de pas moins de trois guitaristes, autant dire qu'on a une petite crainte au moment où le groupe va démarrer son set. Très rapidement, on comprend que nos craintes étaient fondées, tant le genre de noise-pop du combo se révèle mortellement ennuyeux, y compris (en dépit) au niveau des vidéos qui apparaissent derrière le batteur. Certains y entendent un genre de Radiohead, ce ne sont pas ces 33 minutes qui me donneront envie de me pencher plus avant sur la discographie de Thom Yorke et ses compères, quant à Ulrika Spacek, on peut constater que seul son nom peut attirer l'oreille, et on commence à se dire que la programmation du festival est pour le moins éclectique...

Et ce n'est pas la suite qui changera la donne : le groupe originaire de Philadelphie Sandy Alex G comporte un guitariste de moins que son prédécesseur sur scène, mais au niveau du résultat n'est pas plus intéressant, le chant (très faux) n'aidant pas une musique molle qui nous incite très rapidement à quitter les lieux, la perspective d'un kebab, même pas forcément très appétissant, valant mieux que de continuer à souffrir soniquement en silence. Décidément, on aurait mieux fait d'aller écouter préventivement les groupes prévus à l'affiche, cela nous aurait sans doute permis d'aller au ciné entre deux concerts...

Quand on revient, c'est un duo qui a déjà entamé sa prestation, et là on est dans l'originalité, à défaut de totalement apprécier la musique elle-même la prise de risques est notable : Heimat, composé d'une chanteuse et d'un bidouilleur (échappé de Cheveu, pour l'anecdote), nous propose des titres globalement pas très longs, qui évoquent une certaine frange cold-goth à l'allemande des années 80 (les chansons sont souvent en allemand, mais peuvent également être interprétées en italien), on a donc un décalage certain (et intéressant) avec les façons actuelles de faire, et l'emphase de la chanteuse ne peut laisser indifférent, et réussit souvent à toucher les spectateurs. Il est évidemment impossible de caractériser la musique du groupe, on n'imagine pas la ranger dans un style quelconque, mais peut-être la notion d'électro-dark-folk à tendances japonisantes qui transparaît sur un titre (qui sera repris en rappel, suite à une erreur lors de son interprétation initiale) peut-elle aider à comprendre que ce duo n'hésite pas à se lancer dans des directions suffisamment improbables pour ne laisser personne indifférent, et pour ce soir de se dire qu'il s'agit (enfin) d'une deuxième prise de risques dans la programmation, ce que l'on peut apprécier à sa juste valeur. Et si le cri du cœur "merci Nancy" lancé par la chanteuse en fin de set peut être autant pris comme une erreur que comme une gentille petite provocation qui ne laissera pas de traces, voire un hommage au groupe qui va suivre, les spectateurs semblent ravis de ce show pour le moins surprenant et réussi.

Mais si nous sommes venus au Petit Bain en ce samedi soir, c'est qu'en tête d'affiche se tient Kas Product, le duo nancéien qui est déjà venu dans cette même salle il y a quelques mois pour une prestation qui à l'époque avait été très aboutie. Ce soir, on s'apercevra que si la set-list est identique, elle permet tout de même quelques petits changements, on n'est pas dans le copier-coller exact, et tant mieux !
Il y a un petit décor à l'arrivée du duo sur scène, car si Spatsz va s'installer derrière ses claviers et n'en bougera plus, Mona arrive derrière un écran opaque, qu'elle déchirera au fil du premier titre, un lonely devil qui marque bien le territoire où nous nous frayons un chemin : de la cold synthétique, rythmée, sur laquelle l'internationale Mona Soyoc chante, feule, attire l'oreille autant que l’œil, et le public, nombreux dans la fosse, est composé d'anciens autant que de jeunes, de filles autant que de garçons, bref les légendes rameutent des spectateurs vraiment divers, preuve que leur reformation n'est pas une lubie mais correspond à un réel besoin. À preuve, les morceaux qui pour la plupart datent des années 80 créent une attirance certaine, la fosse bouge ce qu'il faut, et la salle ne se vide pas, bien au contraire, signe que la musique pourtant ancienne ne semble pas datée, et correspond à une réalité musicale actuelle. On l'a dit, la set-list n'offre pas de surprises, cela n’empêche pas de l'apprécier, et de noter les petites distinctions musicales qui différencient les prestations de ces dernières années. Mona est en forme, elle n'hésite pas à s'appuyer sur le public (au sens propre, en posant son pied par exemple sur l'épaule d'un costaud du premier rang), et lorsqu'elle n'utilise pas un mini-theremin (so young but so cold), elle emploie une guitare qui insuffle un bon coup aux morceaux (see 4 yourself, taking shape), quand elle ne fouette pas une cymbale (never come back, tina town) avec un instrument qui n'est sûrement pas une simple baguette. Les versions évoluent donc plus ou moins, underground movie est ainsi toujours accompagné d'un mégaphone et d'un pistolet à amorces, et si le dernier titre en date (the end of your submission) est sans doute celui sur lequel les spectateurs réagissent le moins, c'est sans doute possible qu'il ne leur permet pas de fredonner les paroles en même temps que la chanteuse... Celle-ci, on le sait, n'a guère perdu de sa superbe au fil des années, de son physique à sa voix intacts, et si elle harangue la foule de temps à autres, cela est très bien pris par un public conquis d'avance, qui attend au fil des minutes que défilent les hits attendus. So young but so cold est ainsi très réussi, et apprécié, tout comme take me tonight ou loony-bin, et lorsque ce dernier morceau voit le duo quitter la scène, on s'attend à un retour pour un rappel, étant donné que pussy x n'a pas encore été exécuté mais ne peut être omis de la set-list. C'est sans compter sur l'organisation, qui lance le DJ suivant en piste, et lorsque Spatsz revient pour relancer ses instruments, on lui fait comprendre, et par là même au public, qu'il aurait fallu enchaîner pour éviter cette déconvenue, et c'est donc sur cette petite déception que s'achève le concert, qui en lui-même n'en aura créé aucune, le groupe en s'appuyant sur des bases solides (une set-list inchangée depuis pas mal de temps) offre un spectacle de grande qualité, on espère que son retour prochain se fera dans le cadre d'un concert complet, et non dans celui d'un festival qui limite singulièrement le temps de prestation d'une telle tête d'affiche !

Set-list :
  1. Lonely devil
  2. Breakloose
  3. One of a kind
  4. See 4 yourself
  5. Underground movie
  6. Never come back
  7. Tina town
  8. Taking shape
  9. Above
  10. So young but so cold
  11. The end of your submission
  12. No shame
  13. T.m.t.
  14. Nothing in the way
  15. Loony-bin


Après cette prestation aboutie mais malheureusement écourtée, il est hors de question d'attendre encore des plombes en écoutant un pousseur de disques, on n'assistera donc pas aux prestations des autres groupes à l'affiche, dont certains semblaient pourtant alléchants, et on ramasse ses cliques et ses claques pour retrouver les transports en commun qui nous ramènent at home.

La suite, ce sera assurément Dominic Sonic au même endroit d'ici une petite quinzaine, mais cela pourrait bien être plus tôt, avec par exemple Usé à l'Olympic en fin de semaine prochaine...

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