[Guerre Froide / Charles de Goal] demain blackpool
Date : dimanche 6 décembre 2015
Pendant qu’une chape de plomb supplémentaire s’abat sur la France en ce dimanche soir, le Petit Bain affiche complet, on manifeste en intérieur, ondulant légèrement sur la Seine, et une petite surprise est de constater que le public n’est pas composé que d’anciens, ce que l’affiche (trois groupes plutôt âgés) de cette « Vague Froide #1 » aurait pu faire accroire…
Tout le monde n’est pas encore arrivé, même si la salle est déjà bien remplie, lorsqu’un chanteur et son claviériste approchent sur scène, et entament leur set par un morceau qui évoquerait assez bien les Têtes Raides, on est dans la chanson française avec accordéon (synthétique), mais l’arrivée d’un deuxième chanteur (et guitariste) et d’un batteur, tandis que le premier chanteur empoigne sa basse, font basculer le concert vers ce à quoi on s’attendait : les Little Nemo, car c’est bien d’eux qu’il s’agit, font partie des initiateurs de la « touching pop », et le côté « triste et beau » est globalement toujours présent au fil des morceaux. Si certaines parties musicales me siéent tout à fait, la plupart du temps au niveau guitare+rythmique, j’ai souvent plus de difficultés avec les parties de claviers, on flirte à l’occasion avec Joy Division mais sans que cela me touche suffisamment pour adhérer à 100% à ce qui nous est proposé. En outre, on a régulièrement le sentiment que les voix sont plus ou moins fausses, ce qui ne me dérange pas chez les Wampas (entre autres) mais me perturbe lorsque la volonté de finesse est plus avouée. Alors on attend un moment que les choses s’emballent, puis on profite de l’été indien qui n’en finit pas de s’éterniser (on s’en souviendra de l’automne de la COP 21 !) pour aller faire un tour à l’extérieur, car on sait que le timing de la soirée est très serré (1/4 d’heure maximum entre les groupes) et qu’on n’aura plus vraiment l’occasion de respirer par la suite… Pas totalement mauvais donc, juste un peu décevant, et si certains regrettent que le rythme soit aussi lent, on peut les comprendre, même si ce n’est à mon sens pas le principal reproche à faire au groupe…
A peine dix minutes plus tard, c’est avec une voix féminine que le set de Guerre Froide commence, cela en estomaque quelques-uns, mais cela fait quelques temps déjà que Clotilde, la chanteuse de CheshireCat The Bouncing vient accompagner les musiciens originaux, ce qui offre plus de possibilités à Yves, le chanteur, pour occuper l’espace, on le verra plus tard. Ce soir, comme la semaine passé à Rouen d'ailleurs, Sam le bassiste ne peut se joindre à ses comparses, ce qui a obligé Fabrice le guitariste-compositeur à créer des lignes de basses enregistrées, on sentira bien un petit manque au fil du set, mais on ne se plaindra pas plus que cela, tant la prestation du trio aura été marquante ce soir. En effet, si la musique du groupe fleure bon la cold-wave à l'ancienne, on remarque ce soir que la guitare de Fabrice est d'une précision impressionnante, entre riffs acérés et mélodies entêtantes cachées derrière des rythmiques obsédantes, et le son quasi parfait dans la salle est religieusement apprécié par un public dense, mais totalement concentré sur ce qu'il se passe sur la scène. Si Fabrice et Clotilde sont plutôt statiques, Yves profite à plein de l'espace qui lui est octroyé, mimant à l'occasion ses textes, mais surtout dansant de manière extrêmement personnelle, sans que personne n'y voie le moindre ridicule, c'est bien la preuve que les spectateurs sont totalement hypnotisés par le groupe et immergés dans sa musique. Il nous est offert essentiellement des titres du dernier album en date, qui confirme en live toutes ses qualités studio, mais également des titres encore inédits, et en dehors du deuxième titre aux rythmiques technoïdes hardcore qui me défrisent un peu, la petite heure de set n'est quasiment que plaisir. Les textes toujours très travaillés sont souvent plutôt en résonance avec l'actualité brûlante (nom, au premier chef), et les vidéos en arrière-plan sont souvent un bon support aux paroles (le voyeur). Étonnamment (pour moi), même saint-ex se retrouve sublimé, le texte aux rimes qui me firent rire un temps se découvre à moi, poétique, superbe, et précède une explosion de joie dans la fosse à l'heure où demain berlin s'entame. Le set prévu n'était pas très long, alors on se rajoute deux morceaux pour la route, les films de garrel auquel je m'habitue de plus en plus, et sauvage qui clôt en beauté une prestation qui aura ravi à peu près tout le monde, des spectateurs aux musiciens, et seuls les absents pourront donc avoir des regrets.
Set-list :
- La parole (?)
- Colère noire (?)
- Les fils de cassandre
- Furieux
- Le regard
- Zéro
- Aliénés
- Le voyeur
- Moralité
- Nom
- Saint-Ex
- Demain berlin
- Les films de garrel
- Sauvage
La mise en place des Charles de Goal ne prend pas non plus beaucoup de temps, le quatuor entame son set avant l'heure prévue, et de quelle manière : un 7x qui vous rentre dedans directement, la fosse ne va pas tarder à entrer en ébullition, et le pogo qui ne se calmera quasiment jamais fera reculer de 5 mètres les spectateurs qui préfèrent éviter les coups... On avait apprécié le dernier concert parisien du groupe, au Point FMR, ce soir on a le sentiment d'assister à une démonstration encore plus impressionnante d'un (post)-punk totalement maîtrisé, des guitares aiguisées comme jamais à la rythmique basse-batterie qui s'est accaparée des titres que l'on aurait pu croire jusque là intouchables (labyrinthe). La set-list est étudiée pour ne pas laisser une once de répit à un public qui n'en demande pas (certains pogoteurs feront des pauses, tout de même), les morceaux les plus puissants du dernier album en date (finger weg, hais-toi, passion-éternité) étant accompagnés de hits plus anciens (frédéric, radio on) qui ne sont pas moins excitants. Cela fait pas mal de temps que l'on attend le nouvel album (double), il devrait (enfin) sortir en janvier, et on a droit à une belle brochette de ses titres, de 7x à point de mire, de métastasis à l'excellent instrumental 20 œil, et si les textes là aussi sont d'actualité (à feu et à sang, que dire de plus ?), on ne peut en vouloir au chanteur, qui s'en excuserait presque. L'entente entre les musiciens frise l'osmose, le groupe est vraiment soudé et si Patrick perd un instant ses lunettes, on sent que chacun des trois autres est prêt à tout pour lui redonner la vue le plus rapidement possible... En terminant sa prestation avec exposition, le groupe sait qu'il va faire des heureux, mais il est encore bien trop tôt pour s'en aller, alors on a droit à un petit rappel, avec un blackpool qui a encore évolué pour devenir une bête de guerre, la boule à facettes demandée par Vinz ne tourne pas mais les spectateurs s'en contrefichent, ils sont à fond tout au long du morceau, et comment se quitter sans retourner aux sources ? C'est ainsi kling-klang qui achève les survivants, au bout de 67 minutes qui remettent le groupe en course en ce qui concerne sa capacité à tutoyer l'excellence sur scène, et si on n'a pas eu droit à la participation du fiston de Thierry en guise de guitar-hero d'appoint, on a pu constater que les quatre musiciens pouvaient aisément s'en passer, et on plaint là aussi ceux qui n'ont pu être là ce dimanche soir. Tout ce qu'il reste à espérer désormais, c'est que le groupe puisse se produire un peu plus régulièrement, par exemple à l'occasion de la sortie de l'album ?
Set-list :
- 7x
- Finger weg
- Régularisez-moi
- Frédéric
- Passion-éternité
- Hais-toi
- Radio on
- Labyrinthe
- Point de mire
- Metastasis
- 20 œil
- A feu et à sang
- Exposition
- Rappel : Blackpool
- Kling klang
On se repose 2 jours pour se remettre du week-end, puis on revient dès mercredi au Petit Bain avec Hugh Cornwell.
![[Dead Boys/Lipstick Vibrators] it was fun](https://image.canalblog.com/MWwOngJgJdjMrgFUJgJeqqbl1wE=/400x260/smart/filters:no_upscale()/https%3A%2F%2Fassets.over-blog.com%2Ft%2Fcedistic%2Fcamera.png)