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l'ayatollah du rock
23 novembre 2015

[Total Control] strange beat

Date : lundi 23 novembre 2015

 

C’est lundi soir, normalement je devrais être en train de courir après la baballe dans le froid et sur un délicieux gazon synthétique, mais pour une fois je reste au chaud, non pas à la Flèche d’Or où Exploited vient de poser ses valises (cela aurait pu s’envisager), mais du côté de la Mécanique Ondulatoire, qui affiche complet pour l’occasion.

Il y a beaucoup de monde à l’étage, mais la cave est déjà également bien remplie lorsque le premier groupe se met en route. Un quatuor, chant-guitare-basse-batterie, que l’on suppose répondre au nom de Bain de Sang (rebaptisé « Bain de Love » par les organisateurs, suite aux attentats de vendredi dernier), car il n’y aura pas vraiment de communication entre les musiciens et le public. Le groupe est tout de noir vêtu, je ne sais absolument pas à quoi m’attendre, mais je vais très vite comprendre : un jeu de guitare très rapide, une rythmique lourde, un chant qui tient plus du hurlement de torture que de la vocalise tranquille, tous ces indices concordent vers un set de crust, ou de grindcore, les puristes voudront bien me pardonner cette éventuelle approximation, car je ne suis pas du tout spécialiste du genre. Les spectateurs semblent eux bien motivés par l’affaire, on en voit qui oscillent, qui de la tête, qui du corps entier, et si j’avoue être incapable de différencier les morceaux qui défilent (à de rares moments je crois reconnaître une ligne mélodique), je constate tout de même que cela peut être presque douloureux à entendre… Après avoir enfin réussi à faire comprendre quelques textes (« what the fuck », ce n’est sans doute pas le plus compliqué), le groupe achève sa prestation après… 17 minutes, autant dire que si le plaisir n’aura pas forcément été beaucoup présent, la brièveté du set empêche de trop se plaindre, d’autant qu’avec un peu de recul (quelle part de deuxième degré pour le groupe ?), assister à un tel concert permet au moins d’enfin associer des appellations à leurs traductions musicales.

À peine le temps de faire un aller-retour à l’étage que le deuxième concert commence, ce coup-ci c’est un trio basse-guitare-batterie qui est à l’œuvre. Yussuf Jerusalem, c’est le nom du groupe, base l’essentiel de ses titres sur sa basse, à tel point qu'on n’entend la plupart du temps quasiment pas la guitare, c’est un parti pris comme un autre, tout comme l’usage de réverbération dans la voix. Là où cela me chiffonne, c’est que j’ai le sentiment d’un abus de réverb’, cela me perturbe un brin, et cela accentue la gêne liée à l’impression d’un jeu plutôt propre, y compris lorsque le son se sature, finalement on n’est pas très éloigné d’un jeu rock’n’roll classique, peut-être faudrait-il une deuxième guitare pour redonner un peu plus d’ampleur et d’ambition aux morceaux du groupe ? Car en dehors des passages connotés psyché, largement évitables, il y a de bonnes choses dans la musique proposée, la voix aux faux accents crooner est par exemple plutôt intéressante, le travail de la section rythmique est également impressionnant, mais il me faudrait un poil plus de folie pour réellement m’enthousiasmer. Cette grosse demi-heure n’est donc pas inintéressante, mais plutôt frustrante tant on se dit qu’il pourrait vraiment y avoir de quoi faire figurer le trio à son palmarès des découvertes de l'année…

Pour être précis, si j’ai abandonné mes partenaires de futchebol, c’est pour assister au concert de Total Control, dont la prestation il y a quatre ans au Point FMR en première partie de Frustration m’avait suffisamment marqué pour à la fois apprécier le set et acheter l’album, qui ne remettait d’ailleurs pas en cause les qualités détectées ce soir-là. Aujourd’hui, le quintet australien s’est transformé en quatuor, il n’y a plus de batteur, un claviériste à temps complet se charge de compenser cette absence (temporaire ?), et cela transforme un poil l’optique post-punk du groupe, qui penche parfois dangereusement du côté de la new-wave, et pas forcément de la meilleure des façons… J’anticipe un peu, car le premier titre, qui fait sans doute également office de balance, se laisse bien écouter, on retrouve un chanteur à la morgue assez anglaise, caché sous sa capuche, qui pourrait un peu évoquer le bagout et le sens de l’apostrophe des Sleaford Mods, les guitares très punk/post-punk sont bien aiguisées, et la boîte à rythmes est bien incisive pour faire oublier l’absence d’une batterie. Le souci, c’est que par la suite l’agressivité de la boîte à rythmes se perd à l’occasion, on s’éloigne des références Suicide/Métal Urbain, pour glisser sur un terrain bien plus dansant, plus groovy diraient certains, et  mon attention et mon intérêt se diluent d’autant… L’influence du clavier (à l’impressionnant œil au beurre noir) est également assez prégnante, avec tous les risques afférents, et là aussi on tombe parfois dans le piège de la nappe insidieusement molle, ça s’endort (je m’endors ?) donc par moments,  en tout état de cause il m’est excessivement difficile de rester entièrement concentré sur le set, la déception sur certains titres l’emporte sur l’enthousiasme suscité par d’autres, et au final ces 45 minutes me laissent pour le moins perplexe : l’acoustique des lieux est-elle responsable du son du groupe, ou bien cette détérioration (à mon sens) est-elle définitive ?

Dans tous les cas, je n’en suis tout de même pas à regretter de ne pas avoir participé à la défaite footballistique du jour, mais c’est sûr que j’espérais (beaucoup) mieux de cette soirée !

La suite, ce sera jeudi soir, à la Maroquinerie, avec Danko Jones.

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