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l'ayatollah du rock
10 novembre 2015

[les Elles] alors on a souri

Date : mardi 10 novembre 2015

 

La Cigale est (malheureusement) assez loin d'afficher complet, même si elle ne sonne pas creux, ni dans la fosse ni aux balcons, mais on se consolera en se disant que personne n'est là par hasard, c'est un public d'aficionados qui s'est déplacé en ce mardi soir veille de fête d’armistice, et l'ambiance sera surchauffée lorsque la tête d'affiche arrivera sur scène.

D'ici là, il fallait arriver avant l'heure annoncée (20h00), puisque Louis Ville terminera sa prestation à 20h17, et qu'on peut supposer qu'il aura joué plus d'un quart d'heure... Je n'avais pas gardé grand souvenir de la prestation du bonhomme il y a presque 9 ans au Divan, la grosse dizaine de minutes de set à laquelle j'assiste ne me laissera sans doute guère plus de souvenirs d'ici quelques jours. Le bonhomme, seul avec sa guitare, chante en français d'une voix plutôt rauque (ou bien marquée par les abus divers ?), des textes qu'on a parfois du mal à comprendre, même si on y relève une tonalité plutôt crue. Ce n'est pas forcément, désagréable, mais j'ai du mal à voir ce qui pourrait faire sortir le chanteur de la multitude de ses collègues aux mêmes intentions, aux mêmes sonorités, il faut avouer que je ne suis pas spécialiste de ce genre, mais visiblement le public apprécie, et applaudit même l'annonce de la vente de CD au rez-de-chaussée (réaction pour le moins étonnante, à mon goût), même si je ne sais pas si la prestation de ce soir aura débouché sur une ruée vers le stand de merchandising. Bref, j'ai bien fait de ne pas trop me presser, l'important va bientôt se mettre en place...

20h40, les spectateurs ont commencé à s'exciter, il est temps d'éteindre les lumières et d'ouvrir les rideaux, pour découvrir les Elles dans leur configuration 2015, soit Pascaline Herveet au chant, dans une robe blanche entre mariée et nonne (le chapelet à la main aide à cette dernière comparaison), accompagnée de la fidèle Sophie (accordéon, piano, harmonium ou orgue, j'ai un doute), d'une violoncelliste et d'un percussionniste qui utilisera des moyens artisanaux (taper de la main sur la table, taper sur des ressorts, utiliser sa bouche, un sifflet-jouet...), le quatuor est totalement immobile avant que Pascaline ne réussisse à entamer bijou, lorsque les cris et applaudissements se seront calmés. Tant qu'on est sur le sujet, débarrassons-nous en : l'enthousiasme, c'est très bien, mais certain(e)s spectateurs(trices) multiplieront les hurlements et applaudissements pour le moins mal placés, alors que les morceaux ne seront pas finis, empêchant ainsi une partie du public d'apprécier entièrement le travail des musiciens, c'est pour le moins dommage, et je ne suis pas sûr qu'on puisse mettre tous les torts sur le dos de taux d'alcoolémie trop élevés, la bêtise pure est sans doute la principale responsable de cet égoïsme forcené. Je l'ai dit, je n'en parlerai plus, mais cela m'a parfois fait passer des idées de meurtre dans la tête !
Après ce bijou introductif, les musiciens se mettent en place, et nous nous voyons proposer un voyage au cœur de la discographie du groupe, tous les albums sont passés en revue à l'exception notable de "siamoises", sans doute en raison de son caractère un peu décalé et lié à une tournée particulière sous chapiteau. Le dernier album en date, "joseph", et les deux premiers albums éponymes se taillent la part du lion, tandis que "pamela peacemaker" est réduit à quatre titres, cela décevra sans doute certains, mais n'anticipons pas, et prenons le maximum de plaisir à entendre et voir ce qui nous est proposé. Car si la musique est très importante chez les Elles, et le travail effectué par chacun des musiciens est ce soir encore admirable, toute la scénographie est également primordiale, Pascaline aimante les regards, qu'elle soit statique ou en mouvement, tandis que ses comparses également participent à l'ambiance, le lampadaire installé en fond de scène n'est pas anodin, et si on n'est pas dans le projet ficelé de l'époque "joseph" au LMP en 2009, par exemple, il y a tout de même une cohérence certaine dans la set-list. Les textes, on le sait, sont souvent assez noirs, acérés voire acerbes, et l'éclairage plutôt sombre colle lui aussi parfaitement à l'atmosphère voulue, et s'il y a des (sou)rires dans le public, c'est simplement par plaisir de réentendre ces textes sacrément bien ficelés. Il faut dire également qu'on n'espérait quasiment plus revoir le groupe sur scène, il y a quatre ans la participation au festival Taparole semblait déjà miraculeuse, alors on prend ce soir comme une bénédiction, des hymnes (la chatte de monsieur clock, miss alzheimer) aux titres moins évidents (abe sada, dorothy brown) tout est apprécié à sa juste valeur, y compris (surtout ?) les petits interludes (ah si j'étais riche, poisson d'avril, les avions, les talons hauts, ah) permettant de belles transitions entre les morceaux. Histoire d'offrir une richesse supplémentaire dans l'interprétation, une choriste (je ne sais comment la qualifier différemment) vient effectuer des petits sons sur la chatte de monsieur clock, histoire de se rapprocher au mieux de la version originale, et elle participera par la suite à la quasi intégralité des rappels, et de fort belle manière.
Si on sent que la voix de Pascaline n'est plus forcément aussi fringante qu'il y a quelques années, cela ne signifie pas une baisse de qualité, il y a simplement un ajustement dans la façon de faire, les petites minauderies font place à des moments où la chanteuse s'appuie sur ses faiblesses pour faire passer l'émotion, et cela réussit totalement, les vibrations sont très intenses dans la salle, voire même sur scène puisque des larsens font leur apparition pendant l'interprétation de dorothy brown. Tout le set fourmille de petits détails, des chaussures à semelle de bois enfilées par Sophie sur orthopédia à son usage d'une canne pour marteler le sol, du violoncelle empoigné tel une guitare jusqu'aux bruits de bouche du (très grand) percussionniste, le concert est tellement dense qu'il faudrait le filmer pour pouvoir retenir tout ce qui arrive sur scène. Ce concert est plus ou moins concomitant de la sortie d'une compilation, sur laquelle paraissent quelques titres inédits, on découvre ainsi le marin de gibraltar et on réentend merco break, et lorsque le groupe quitte la scène après 27 morceaux et 1h20 de spectacle, on en voit qui quittent déjà les lieux, persuadés que ce qui nous a été offert est déjà terminé.
Que nenni ! Nous avons droit à un rappel, et même à deux, avec le vase chinois en version assez exceptionnelle, suivi de krik manivelle (le summum dans la réaction du public ?) et l'amerloc, l'apport de la choriste est indéniable et superbe sur ces trois morceaux, mais que dire du second rappel ? Une reprise de made in normandie (Stone & Charden) agrémentée d'une chorégraphie à mourir de rire, qui précède la très belle nouche (que beaucoup avaient réclamée sur les réseaux sociaux) avant un peut-être final, en duo Sophie-Pascaline, qui s’achève sur les coups de 22h25, autant dire qu'il n'y a plus guère d'espoir d'une 3e rappel (curfew : 22h30, comme toujours), en revanche les saluts se multiplient, les spectateurs refusent de laisser les musiciens repartir définitivement dans les loges, mais il faut bien s'y résoudre, et la solution la plus efficace et radicale est dans ce cas de refermer les rideaux !
Que dire de plus ? Un spectacle dense, rempli de belles choses, excellemment préparé et exécuté, des spectateurs ravis (et le mot est faible), il serait simplement dommage d'arrêter l'aventure ce soir, nous gardons ainsi l'espoir d'une nouvelle tournée, la création de nouveaux morceaux ne semblant pas encore à l'ordre du jour. Mesdames, monsieur, merci, et revenez vite !


Set-list :
  1. Bijou
  2. Le slow du père lachaise
  3. Les avions
  4. Mauvais sang
  5. Zaza
  6. Les ciseaux pointus
  7. La chatte de monsieur clock
  8. Armand
  9. Ah
  10. Water closets
  11. Les talons hauts
  12. Orthopédia
  13. Alors elle a souri
  14. Shamallow
  15. Dorothy brown
  16. La belle au bois dormant du 3e type
  17. Abe sada
  18. Poisson d'avril
  19. Joseph
  20. Ah si j'étais riche
  21. Tonton amédée
  22. Le marin de gibraltar
  23. Le bal
  24. Merco break
  25. Miss alzheimer
  26. Bijou de fin
  27. La robe rouge
  28. Rappel : Le vase chinois
  29. Krik manivelle
  30. L'amerloc
  31. Rappel 2 : Made in normandie
  32. Nouche
  33. Peut-être


La suite, après les défilés du 11 novembre, sera dès jeudi au Petit Bain, avec Pierre et Bastien.

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