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l'ayatollah du rock
6 octobre 2015

[PIL] not disappointed

Date : mardi 6 octobre 2015

 

On revient vers des lieux plus familiers en entrant au Trianon ce mardi, qui n’affiche pas complet quoique l’accès aux balcons soit limité (le premier étage sera rempli, le second restera vide), mais la salle est globalement bien dense, la moyenne d’âge des spectateurs est plutôt élevée, et on sent une attente importante, le mélange d’excitation et d’appréhension (les longues attentes peuvent générer de la déception) créant une petite tension bienvenue avant le début des hostilités.

 

Est-ce la fatigue, les restes d’une journée professionnelle légèrement merdique, peu importe, le fait est que je ne suis pas forcément prêt à faire des concessions musicales ce soir, et il en faudrait pas mal pour me faire apprécier Aufgang, un duo batterie/claviers qui associe voix insupportables et sons de piano largement teintés d’électronique, ce qui m’avait peu attiré (euphémisme !) lors de mes recherches préalables sur internet. En live, mes a priori se confirment, j’ai la sensation d’entendre une succession de musiques de publicité ou de films, autant dire que j’apprécie de ne pas être arrivé à l’heure et de n’entendre que les trois derniers titres… Mais ne soyons pas totalement négatifs, les applaudissements sont nourris, le public semble globalement apprécier, mais cela ne modifiera tout de même pas mon opinion, je ne me relèverai pas pour Aufgang.

 

Le stand de merchandising avait déjà été étudié de près en arrivant, avec des t-shirts à 30 euros on est sûr de ne pas dépenser de sous ce soir, on attend donc l’extinction des lumières en se plaçant juste où il faut dans la salle, plein centre, pas loin des consoles, ce qui devrait assurer une qualité sonore et visuelle optimale.
Le groupe avait annoncé monter sur scène à 20h30, mais il n’est pourtant que 20h50 lorsque les lumières s’éteignent enfin, et que PIL (Public Image Ltd en version étendue) arrive enfin, le quatuor identique à celui d’il y a deux ans, emmené par un John Lydon à petites lunettes, en costume, large mais moins informe que ce qu’il arborait à la Cité de la Musique, sa pseudo-mini-crête lui donnant paradoxalement un air plutôt propret. Le chanteur s’installe derrière son pupitre, y installe sa collection de paroles (eh oui, il y a à la fois un nouvel album ET le passage des ans…), Lu le guitariste toujours hyper barbu s’installe à sa droite, Scott le bassiste à sa gauche, et Bruce (qui n’ôtera jamais son chapeau) s’installe derrière ses fûts ; le groupe entame son set par deux nouveaux titres, un double trouble plutôt rentre-dedans, et un know now bien trempé lui aussi, on ne retrouve pas vraiment l’atmosphère frisant avec le dub qui régnait en maître il y a deux ans, mais on sait tout de même immédiatement que c’est PIL qui est dans la place, la voix inimitable de John n’ayant pas pris une ride, et s’accordant à merveille aux musiques ciselées par ses comparses.  Car il ne faut pas s’y tromper, si le leader ô combien charismatique attire l’attention en permanence, tant par son attitude vis-à-vis du public, mélange de bienveillance et d’arrogance/condescendance (surtout lorsqu’il entend des spectateurs lui réclamer certains titres…), que par son comportement que certains jugeraient grossier (glaviotages divers, gargarismes, crachats, débouchages de nez…), ses comparses font le métier avec un savoir-faire impressionnant. On sait que Lu flirte en permanence avec le faux, qu’il utilise des guitares électriques classiques ou un saz électrifié toujours aussi surprenant, Scott quant à lui relève le gant que pourrait avoir abandonné Jah Wobble en ce qui concerne l’ampleur du son de sa basse, et Bruce martèle ses fûts avec un plaisir et une force non dissimulés, le tout offrant parfois des ambiances assez impressionnantes. Ce n’est pas le cas sur bettie page, qui se révèle sur scène aussi décevant que sur album, mais c’est bien le seul moment de faiblesse de la soirée, car les titres les plus anciens réussiront à tout emmener sur leur passage. Bien sûr, je continue à estimer que jouer this is not a love song n’est pas une obligation, et l’interprétation de ce soir ne modifie pas mon opinion à ce sujet (même réorchestré, ce n’est pas le meilleur titre du groupe, loin de là), même si le public réagit avec ferveur, et disappointed ou warrior ne réinventent pas grand-chose non plus, ce qui ne signifie nullement qu’ils sont mal joués, ce sont simplement des versions « habituelles » qui nous sont offertes.
S’il faut s’attarder sur certains morceaux, on citera au rayon nouveautés un corporate d’une puissance inouïe, avec son refrain inquiétant et entêtant, et the one qui tire également très bien son épingle du jeu, ce qui accentue la très bonne impression laissée par ce nouvel opus globalement très réussi.
Mais c’est dans les vieilleries que la différence entre un set sympa et une soirée de qualité supérieure va se faire : sans exagérer, on peut estimer que l’interprétation de la seule death disco valait le déplacement, sachant qu’elle est suivie d’un the body lui aussi incroyable, autant dire que les spectateurs sont en transe, et cela aurait pu devenir anthologique si la version de religion n’avait pas été aussi étirée, et si le son de guitare avait été à l’unisson de l’omniprésente basse… John Lydon s’amuse sur le chant, de manière évidente, mais clairement je préfère la version originale tendue et sarcastique… Après ces 80 minutes bien remplies, le groupe quitte la scène, on sait qu’il ne reste plus que 20 minutes avant que les lumières se rallument définitivement, et cela incite le public à manifester fortement pour que le groupe revienne le plus vite possible sur scène…
C’est (bien évidemment) le cas, nous aurons droit au rappel attendu/espéré, et quel rappel : un public image qui peut se comparer à l’énergie punk de l’original, on croirait entendre Wobble et Levene, et ceux qui hurlaient régulièrement « c’est mou » se taisent enfin, ils n’ont plus d’arguments, et ne se plaindront assurément pas du rise qui clôt la soirée, d’un niveau égal à death disco ou the body, le groupe très carré tout au fil du set sait qu’il faut finir en beauté pour laisser la meilleure impression possible, et c’est donc le cas ici encore ; les 90 minutes et des poussières se seront avérées pour le moins réussies, efficaces, très professionnelles mais comportant tout de même suffisamment de morceaux de bravoure pour ne pas repartir avec le sentiment d’un produit préfabriqué. Si l’émotion d’il y a deux ans n’était pas la même, ce soir le quatuor ne s’est pas moqué de nous, la qualité globale de la set-list le prouve, et on pariera que pas mal d’absents s’en mordront les doigts a posteriori : espérons, pour eux comme pour nous, que la deuxième vie de PIL continue suffisamment pour nous permettre de les revoir aussi en forme à Paris !

 

Set-list :

  1. Double trouble
  2. Know now
  3. This is not a love song
  4. Bettie page
  5. Disappointed
  6. The one
  7. Deeper water
  8. Corporate
  9. Death disco
  10. The body
  11. Warrior
  12. Religion
  13. Rappel : Public image
  14. Rise

 

La suite, ce sera dès vendredi, au Hangar à Ivry avec Frustration. Et d’ici la fin du mois, les Washington Dead Cats, the Sonics et Lydia Lunch…

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