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l'ayatollah du rock
24 mai 2015

[festival Villette Sonique] in my head

Date : dimanche 24 mai 2015

 

Clap de fin pour la partie extérieure et gratuite du festival Villette Sonique, c'est dimanche, il fait beau, les familles sont de sortie pour pique-niquer à la Villette, cela amènera une foule bien dense, avec les agréments conséquents (queues pour les boissons, les glaces, les toilettes...), mais on ne va pas se plaindre de voir du soleil et du monde pour un festival gratuit !

En arrivant à la bourre (tiens, des problèmes de métro, ça faisait longtemps...), on a juste l'occasion d'entendre de loin et très rapidement le trio Infecticide, dont la "Post-industriel-Synthpunk-electrowave-neo-dada" en déguisements rétro-futuristes anime sérieusement la scène Labels, réussissant à suffisamment hypnotiser certains spectateurs qui rateront ainsi le début du groupe suivant sur la scène du Cercle Sud...

Pourtant la performance de King Khan & the Shrines était attendue par beaucoup comme le clou de la journée, la réputation du Canadien et ses musiciens (8 sur scène !) ayant depuis longtemps dépassé les cercles underground. Après une petite intro instrumentale (avec basse, batterie, percussions, orgue, guitare et 3 cuivres, il y a de quoi faire !), King Khan arrive sur scène, sous une coiffe en plumes d'autruche, et met les choses au point en hurlant "la jeunesse emmerde le front national", puis "michel jonasz emmerde le font national", c'est une entrée pour le moins explosive et improbable, et le show peut commencer, avec un mélange musical de garage (pas trop violent), de soul (l'ombre de James Brown plane sur le King), et des évocations multiples et répétées à Sun Ra (les spectateurs et les musiciens se retrouveront ainsi tous agenouillés en son hommage, un peu plus tard dans le set). Les amateurs auront immédiatement reconnu Fredovitch derrière son orgue, celui-ci ne demeurera d'ailleurs que rarement en place, porté à bout de bras ou jeté (?), tandis que le musicien lui aussi dansera, courra, ira dans la fosse, et ses acolytes ne seront pas en reste : si King Khan est le maître des lieux, ses partenaires occupent l'espace, gesticulent, bougent sans arrêt, et le concert est autant visuel qu'auditif. D'ailleurs, on peut estimer que c'est une bonne chose, car parfois les morceaux peuvent manquer un poil de peps, mais on suppose que l'idée générale est de s'amuser, de donner du plaisir, et le contrat est de ce côté entièrement rempli. En guise de preuve, on peut prendre l'exemple du rappel, pour lequel King Khan revient en slip (clouté ?) sous une cape flamboyante, et là on retrouve des inspirations de Screamin' Jay Hawkins, des trémolos effrayants dans la voix qui correspondent bien à l'atmosphère qui tourne un poil au vaudou, et on finit ainsi ces 55 minutes avec un large sourire, pour l'ensemble du show plus que pour la performance musicale propre, mais on ne s'en plaint pas, ça fait du bien parfois de se lâcher sans se prendre la tête...

Vu le timing, on ne prend pas le risque d'aller sur les autres scènes, et on attend la venue du quatuor irlandais Girl Band au même endroit, qui n'est bien entendu pas un groupe de filles. Pour être franc, j'espérais pas mal du groupe, juste sur une vidéo et quelques lignes, mais j'étais loin de m'attendre à ce qui allait se passer sur scène... Si le post-punk de début de set est attendu, avec des musiciens (basse-guitare-batterie) au service d'un chanteur très expressif, la suite du set va atteindre des sommets dans l'art de nous emmener où nous ne savions pas que nous voulions aller. En effet, si le chant crié-hurlé empêche toute tentative d'assoupissement du public, on remarque aussi (et surtout ?) que les trois musiciens réussissent à nous proposer des morceaux punk-hardcore inférieurs à la minute, puis on oblique vers de la noise, on n'abandonne pas le post-punk, certains titres n'auraient pas déparé dans la scène no-wave de New-York... Vous le comprenez désormais, c'est un maelström d'influences meilleures les unes que les autres qui surgit des enceintes, tout en conservant un son actuel, loin d'être daté, et chaque nouveau morceau est une nouvelle expression du talent des jeunes Irlandais, qui ne sont pas avares de leurs efforts (quasiment une heure de set quasiment sans échange avec le public). Indépendamment de la reprise de Blawan (inconnu au bataillon) why they hide their bodies under my garage, le plus impressionnant dans tout cela tient sans doute dans la capacité à créer à tour de rôle des montées en puissance remarquables, on cherche la guitare quand c'est la basse qui joue, le batteur fait à la fois dans le minimalisme et l'inventif, bref on est totalement estomaqués, et on espère que le groupe n'explosera pas tout de suite en vol, et qu'on aura le temps de bénéficier d'enregistrements et de prestations live à la hauteur de celle de ce dimanche après-midi !

Après un petit tour sur les différents stands des labels présents sur le site, retour devant la scène Cercle Sud pour le set d'un autre groupe dont beaucoup parlaient sur la pelouse : Ought est un quatuor canadien (basse- batterie-guitare-synthé), dont on sent bien les références intellectualisantes aux Talking Heads (aïe !), mais bien moins celles à Joy D ou the Fall. Le chanteur-guitariste possède des attitudes qui évoqueraient plutôt un Jarvis Cocker, il y a bien de temps à autres quelques dissonances, mais cela reste totalement anecdotique, et surtout cela n'empêche pas de se poser régulièrement la question : cela démarre quand ? Alors, quand après une petite demi-heure on n'a toujours pas de réponse, il est temps d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte et le son plus agréable, on a suffisamment perdu de temps comme cela !

Une fois de plus, on se laisse influencer par le bouche à oreille, ce qui explique qu'on rate une nouvelle fois le set de Pierre & Bastien, un trio qui pour faire très rapide évoque furieusement Warum Joe pendant les quelques secondes pendant lesquelles on l'entend, et on se dirige vers la petite scène du Jardin des Ȋles, où beaucoup de monde (on a du mal à respirer) attend impatiemment le set de Ninos du Brasil. Une fois de plus, c'est une déception, car ce qui s’annonçait comme mixant "percussions tribales, concassages technoïdes et énergie punk" se résume plus simplement à une "
Electro-Batucada" qui fait bien danser les spectateurs, agite un poil les oreilles avant que notre attention s'en détourne subrepticement, la répétitivité étant l'une des spécificités du duo/trio. On ne restera donc pas jusqu'au bout de ce show, il y a bien d'autres choses à faire un dimanche soir, comme jouer à la pétanque, la bière à la main, sur le bord du canal...
Mais on retiendra tout de même deux concerts de cette journée, un King Khan pour le show, et un Girl Band pour tout le reste !

Là, c'est parti pour quinze jours de repos, avant le retour de la Colonie de Vacances à la Gaîté Lyrique le 6 juin.
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