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l'ayatollah du rock
18 décembre 2014

[Gang of Four] what we all want

Date : jeudi 18 décembre 2014

 

Jeudi soir, le Festival des Aventuriers bat son plein à la salle Jacques Brel de Fontenay-sous-Bois, on voit les courageux qui ont osé passer le périph’ pour aller se titiller les esgourdes, visiblement peu nombreux, c’est plutôt à un public « local » que l’on a droit, et on va dire que c’est tant mieux, ça prouve que ce genre de manifestations peut fonctionner en banlieue…

 

Il ne faut d’ailleurs pas arriver trop à la bourre, car ¼ d’heure après l’horaire annoncé, Tom Vek est déjà sur scène, comme son nom ne l’indique pas c’est un trio, composé d’un batteur qui parfois tient bizarrement ses baguettes, mais dans tous les cas semble toujours jouer le même rythme, d’un chanteur-guitariste (le Tom en question, qui utilise aussi une basse à l’occasion) au visage poupon, bien coiffé, aux petites lunettes, et d’un guitariste qui préfère bidouiller sur un petit clavier plutôt que d’utiliser sa 6-cordes, voire sa 4-cordes lorsqu’il passe une basse autour de son cou. Vous l’aurez compris, mon ton moqueur indique un manque d’intérêt certain pour cette musique bien plus pop que rock, la référence aux Fall est une énigme pour moi, tandis que celle à David Byrne l’est beaucoup moins, c’est fait pour danser comme les Talking Heads, et si la voix évoque étrangement celle de Liam Gallagher, on est loin des fulgurances d’Oasis (qui ne m’enthousiasme pas plus que cela), ici chaque morceau qui se termine sombre immédiatement dans l’oubli, et si une partie du public semble agiter la tête, voire d’autres parties du corps, le reste des spectateurs en profite pour aller se désaltérer en attendant quelque chose de plus varié et stimulant pour l’œil et l’oreille.

 

La suite, c’est un sextet de 5 musiciens (mais où donc est Raphaël Roux ?), que l’on connaît bien car chacun des membres d’Even If est incontournable de la scène rock française, et que le duo BD-CD que le groupe avait sorti il y a deux ans avait été un bel objet, tant visuel que sonore, alors on se demande si on va avoir droit à un concert dans la lignée de ceux qui avaient suivi la parution de l’album. En gros, il ne faut pas plus de dix secondes pour constater que le son du groupe (basse, 2 guitares, batterie classique et batterie électronique) s’est durci, qu’on s’est bien éloigné de la pop que pouvaient évoquer certains morceaux, et que chacun des titres a été extrêmement retravaillé, pour un résultat bluffant ! Si l’électro était présente, mais de manière quasi subliminale sur l’album, et lors des concerts, ce soir elle est omniprésente, France et Richard nous assènent des sons et rythmiques qui ne dépareraient pas dans des soirées branchées, la basse de Fanny est elle aussi bien marquée, tandis que Seb et Sylvain nous proposent des parties de guitares étonnantes, certaines sonorités semblant passer par des ordinateurs tant on ne soupçonnait la capacité de les créer. Et si on finit par reconnaître la plupart des titres issus de l’album (l’introductif i hate you all, tout un programme, mais aussi l’incontournable pourquoi tu ne danses pas ? ou mister if), on suppute qu’un certain nombre d’inédits (je les estime à 5…) font partie de la set-list, sans en modifier le moins du monde la cohérence. Pendant presque une heure, le public découvre ou redécouvre ces morceaux, on sent que les spectateurs se prennent au jeu au fur et à mesure du set, il faut avouer qu’un am i a hero ? ou un so much in trouble ne sont pas faits pour laisser l’indifférence s’installer dans la salle, on a même droit à un genre de twist plutôt amusant et réussi, et ce sera avec un incandescent kids are kicking out que le groupe abandonnera la scène, visiblement aussi heureux que nous de cette prestation, qui donne envie à la fois de les retrouver sur scène, et de savoir si un deuxième opus est à l’ordre du jour…

 

Le temps de changer la scène, et c’est un quatuor anglais bien connu, quoique dans un autre line-up, qui arrive sur scène : les 4 musiciens du Gang of Four original sont réduits au seul Andy Gill, le guitariste, car si Jon King, qui chantait encore il y a trois ans au Trabendo, a laissé sa place à un tout jeune chanteur (ce qui en effraie certains d’avance), le bassiste et le batteur ne remontant pas vraiment la moyenne d’âge. On le sait, sans Gang of Four, pas de Bloc Party, pas d’Interpol et autres, et dès return the gift, on retrouve ce son de guitare acéré propre au groupe, accompagné d’une section rythmique qui ne semble pas manquer de talent, et si ce n’était un poil de retenue (ça pourrait rentrer un peu plus dans le lard), on pourrait presque se croire à la grande époque. Car on constate très vite que si le chanteur est jeune, il possède également un timbre qui se rapproche beaucoup de celui de Jon, et ce n’est donc pas oralement que le bât va forcément blesser. L’attitude ? Bien sûr, il bouge beaucoup, utilisant sans problème les trois micros mis à sa disposition sur tout le devant de la scène, et il se la joue un peu hautaine, et c’est sans doute cela qui va scinder la salle en deux : très vite, une partie des spectateurs soit quitte carrément la salle, soit prend des airs dépités, tandis que le reste (la majorité, tout de même, dont pas mal de jeunes) prend cette configuration comme elle l’est, c’est-à-dire un groupe formé autour d’Andy Gill, sans autre ambition. Et si certains se plaignent de la musique, c’est qu’ils n’arrivent pas à dépasser leur a priori défavorable, car le son est vraiment énorme, Andy est au top, et le bassiste nous offre les coups au plexus que nous attendions… Alors, d’accord, not great men non plus n’est pas totalement optimisée, mais c’est sans doute à partir de là qu’on a droit à la machine de guerre, impitoyable, efficace, et la set-list qui se déroule n’est pas loin d’être parfaite ! Un i parade myself plus calme, un paralysed tout en ruptures, ça sourit tout autour de nous, anthrax est une pure merveille, mais que dire de ce he’d send in the army, sur lequel le chanteur détruit méticuleusement un four micro-ondes à grands coups de batte, plus ou moins en rythme, mais cela offre visuellement et acoustiquement un moment très fort. Juste après, on a droit à un tout nouveau morceau, supposément appelé isle of dog, qui laisse augurer d’un excellent nouvel album (sortie au printemps 2015), qui précède un to hell with poverty qui casse la baraque, impossible de résister à ce tempo entrainant, et on a droit à une deuxième nouveauté, ou presque, puisque do as i say apparaît sur le dernier opus en date « content » de trois ans d’âge… Pour achever le set, i love a man in a uniform sort grandi de son interprétation (ce n’est pas mon morceau favori de « songs of the free », 1982), tandis qu’ether et at home he’s a tourist créent aisément la transe hypnotique attendue, histoire de pouvoir clore cette petite heure de manière superbe, et voir si le public en redemande alors que le groupe sort de scène…

Peu de temps à attendre, on sent que le groupe et le public sont au diapason, et c’est au son du mélodica de why theory ? que le rappel est entamé, et on en termine (bien évidemment ?) avec damaged goods, incontournable, sur ces 77 minutes très réussies pour la plupart des spectateurs, on en vient même à attendre le futur album avec une pointe d’impatience, et pourquoi pas à un autre retour du groupe sur une scène parisienne ?

 

Set-list :

  1. Return the gift
  2. Not great men
  3. I parade myself
  4. Paralysed
  5. What we all want
  6. Anthrax
  7. He’d send in the army
  8. Isle of dog (?)
  9. To hell with poverty
  10. Do as I say
  11. I love a man in a uniform
  12. Ether
  13. At home he’s a tourist
  14. Rappel : Why theory ?
  15. Damaged goods

 

La suite ? C’est ce vendredi soir, au Trabendo, avec le concert de Noël de New Model Army pour terminer cette année de concerts bien remplie.

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