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l'ayatollah du rock
4 juin 2014

[Jo Dahan] mieux avant ?

Date : mercredi 4 juin 2014

 

La Boule Noire est rarement bondée (ou bien je ne choisis pas bien mes concerts), et en y arrivant ce mercredi soir, avec la Cigale d’à côté qui elle est archi-remplie pour la prestation d’un Cantat sur le retour, on peut craindre le pire niveau affluence. Et effectivement, ça prend le temps de rentrer, il ne fait pourtant pas un temps à laisser un rocker à l’air, mais il faut croire que le principe est de ne pas arriver tôt (pas perdre de temps ?), tout en évitant de rater totalement le set...

 

Ceci explique que Alexis Del Mastro entame sa prestation devant une salle bien clairsemée, mais tout de même plutôt bienveillante, et le show du bonhomme, auquel on assiste pour la troisième fois, réussit tout de même à nous emporter dans son univers loufoque, improbable, et même légèrement humide à l’occasion. On s’attend bien, au début, à ces petites phrases et gestuelles incongrues, à ces instruments maltraités, qui accompagnent ses petites leçons de guitare sommaire, mais on se laisse prendre au jeu, comme une bonne partie de la salle d’ailleurs (on excepte les préposés aux sons et lumières, qui auraient apparemment préféré passer leur soirée ailleurs), il y a de bonnes réactions, des rires, de la surprise, et peu sont ceux qui se plaignent au final de ces 25 minutes très plaisantes, et qui donnent envie d’en savoir un peu plus sur le nouveau spectacle en préparation du bonhomme.

 

Le temps de changer le plateau, il est quasiment 21h00, et Jo Dahan arrive sur scène en compagnie d’un backing band de rêve (son Orchestre, comme le répétait Alexis), puisqu’autour du chanteur-bassiste se pressent Richard Kolinka aux fûts, Tom Darnal aux claviers, Sylvain Cartigny à la première guitare, Philippe Almosnino à la deuxième guitare (ou inversement) et deux choristes, France Cartigny et Eléonore Du Bois-Jouy. Pour les connaisseurs, il y a du lourd là-dedans, on citera en guise d’exemple Le Cercle, Les France Cartigny, la Mano Negra, Téléphone, Gaëtan Roussel, les Wampas, Rococo, bref tout ce petit monde sait un petit peu ce que c’est que la scène, et on va en avoir la preuve très vite. Car au lieu de démarrer tranquillement, en supposant que le public ne maîtrise pas forcément son tout nouvel album “ma langue aux anglais”, Jo décide de commencer avec LE tube, ce c’était mieux avant rudement efficace qui passe en revue au pas de charge tout (et bien plus encore) ce qui était supposément “mieux avant”, le public (bien dense désormais, il commence même à faire chaud dans la salle) adhère directement, et le groupe peut dérouler ses morceaux dans une atmosphère très positive, d’un silence please aussi efficace sur scène qu’en version studio à un minorité aux réminiscences street-punk, en passant par le chant des sirènes qui est bien plus calme, sauf quand la tempête emporte tout. On le sait, l’album ne fait que 12 titres pour 30 minutes, il faut donc s’attendre à des choses inconnues, on a donc droit à un pur moment de rock avec c’est un bon signe, tandis que je rentre n’est pas moins cru dans l’attaque frontale, le groupe peut autant s’énerver que se poser, et c’est (étonnamment ?) à Jef Bodart que l’on pense lors de l’interprétation de elle y croit, tant dans la mélodie que dans la façon de chanter de Jo. Bien sûr, certains lui reprocheront de s’aventurer en terrain miné en s’approchant du micro, mais à la vérité l’écueil est assez bien évité, d’abord parce que ce sont ses propres chansons, ensuite parce qu’il ne cherche pas à se prendre pour un autre, et qu’il fait avec sa voix comme avec un instrument dont il connaît l’étendue et les limites.

Les textes, tous en français, sont bien compréhensibles, et leur teneur parfois acide (musiques d’aéroport) s’accorde bien avec la musique qui les entoure. Si on cite des références, c’est celle de Lili Drop qui surgit pour encore 1 diamant, et si on reste un peu circonspect devant que c’est beau (disons que c’est un moment de calme dans la soirée), c’est Eléonore qui partage les voix avec Jo sur minidoux, et montre une jolie tessiture au passage. Puisqu’elle est au point, pourquoi ne pas reprendre Blondie, avec un rip her to shreds âpre à souhait, sur lequel la comparaison vocale avec l’originale n’est pas trop dure, Eléonore doit connaître les critiques auxquelles elle s’expose en reprenant Blondie, et elle s’en sort vraiment pas mal, pour le coup ! Un petit morceau reggaeisant plus loin, un genre de pochade basé sur la publicité pour les gaufrettes verkade, et c’est parti pour la pièce de résistance, une version dub remix étirée à souhait de je donne ma langue aux anglais, sur laquelle on voit même Richard quitter sa batterie pour s’essayer à la basse, avant de terminer cette petite cinquantaine de minutes par un tout le monde sur lequel la complicité entre Jo et France est évidente et fonctionne à plein.

Evidemment, il est hors de question d’abandonner un public (varié et enthousiaste) aussi rapidement, alors le groupe revient rapidos pour un rappel “cow-boy” (dixit Jo), entamé par la rue de belleville (avec Tom à l’harmonica), un titre assez goualante musicalement comme textuellement, puis on a droit à une vraie chanson de cowboy, chantée par Eléonore, un probable prodigal son que l’on suppose n’être pas une reprise de Steel Pulse, avant la superbe et émouvante enfants d’salauds, tandis que c’est avec un j’aimerais être un chien (on n’entend pas grand chose des Stooges ici) que le set se termine, un titre bien pêchu et rock, sur lequel un spectateur vient japper sur scène, et là l’heure de concert est dépassée, certains spectateurs commencent à partir, mais comme la majorité persiste et insiste, on a droit à un deuxième rappel.

Pour l’occasion, c’est France Cartigny qui a droit à la position centrale, avec carrément deux titres de son répertoire (monde de rêve et eastwood), dans des versions monstrueusement réussies (on a cité les musiciens sur scène...), et si on se laisserait encore bien tenter par un petit troisième, c’est avec une reprise très sixties de Ronnie Bird (où va-t-elle ?) que la prestation de Jo Dahan et ses amis se termine, après 75 minutes bien carabinées.

Mais, si le groupe n’a plus rien en stock, et envisage l’espace d’un instant de rejouer un titre déjà exécuté ce soir, c’est au final à un mini-set des Patrons auquel nous voilà conviés, puisque Philippe Teboul et Daniel Jamet viennent rejoindre Tom (qui a trouvé une guitare) et Jo sur scène, et ce quatuor d’anciens Mano nous livre trois reprises brûlantes, un neat neat neat (échappé des Damned) et un did you no wrong (Sex Pistols) sur lequel Tom démontre des capacités vocales impressionnantes, et un rock me baby (Animals ?) sur lequel Daniel s’empare du micro, tout cela pour terminer cette quasi heure et demie intense, variée, très appréciée, et dont on espère qu’elle sera suivie de beaucoup d’autres !

 

 

Set-list :

 

  1. C’était mieux avant
  2. Silence please
  3. Le chant des sirènes
  4. Minorité
  5. C’est un bon signe
  6. Je rentre
  7. Elle y croit
  8. Musiques d’aéroport
  9. Encore 1 diamant
  10. Que c’est beau
  11. Minidoux
  12. Rip her to shreds
  13. Gaufrettes Verkade
  14. Je donne ma langue aux Anglais
  15. Tout le monde
  16. Rappel : La rue de Belleville
  17. Prodigal son
  18. Enfants d’salauds
  19. J’aimerais être un chien
  20. Rappel 2: Monde de rêve
  21. Eastwood
  22. Où va-t-elle ?
  23. Rappel 3 : Neat neat neat
  24. Did you no wrong
  25. Rock me baby
La suite, ce devrait être dimanche au bar Amsterdam avec le retour des Brassen’s Not Dead, avant de tomber dans la morte saison...
 
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