[C.O.M.A.] clinik organik muzak anatomik

11 mai 2014

[C.O.M.A.] clinik organik muzak anatomik

Date : dimanche 11 mai 2014

Et une réédition, une, purement vinyle (pour l'instant ?) et signée Danger Records, qui permet de (re ?)découvrir qu'il y avait une vie avant Charles de Goal, qu'elle s'appelait C.O.M.A. (pour "Clinik Organik Muzak Anatomik") et qu'elle prouve qu'il y avait même de la musique audible en France avant les années 80...

Jusqu'à il y a 6 mois, je n'avais aucune connaissance de ce C.O.M.A., et cet album datant de 1979 est donc une bonne petite claque rétrospective dans la gueule, même si je peux difficilement m'en vouloir d'être passé à côté à l'époque, vu que je n'avais même pas encore 10 ans. Mais bon, depuis, j'ai ouvert mes oreilles et mes yeux, et cela fait bien plaisir de voir que Patrick Blain (oui, LE Charles de Goal) faisait déjà de belles choses avant d'en faire de très belles !

On fait confiance, la réédition semble identique à la version originale, donc on se penche d'emblée sur une pochette signée Pearl Cholley, mettant en perspective des chirurgiens que l'on imagine à la chaîne, un sentiment de déshumanisation prévaut visuellement, et on le retrouvera bien souvent dans la musique qui envahit les deux faces. Deux faces ? Eh bien oui, en 1979, le CD (encore inconnu) est loin d'avoir emporté le marché du disque, alors on a droit à (à peu près) deux fois 18 minutes, un peu plus pour la face 1 et un peu moins pour la face 2, on n'est pas dans le concept album, ici c'est assez droit au but, et cela démarre d'ailleurs avec un quasi-instrumental totalement synthétique, au rythme assez lent, qui laisse le temps de jeter un oeil sur la pochette intérieure, de type papier millimétré bleu, sur laquelle les paroles (en français uniquement) sont toutes retranscrites, avec des genres d'électrocardiogrammes pour chaque titre (le côté "clinik" de la chose), et on y trouve pas mal de petites remarques humoristiques ("batterie dégénérée", "guitare frénétique") tout en constatant que Patrick Blain est impliqué, comme auteur ou compositeur, dans la quasi-totalité des morceaux...

Dès le deuxième titre, parking nord, très répétitif et à la sirène d'ambulance omniprésente, les choses sont claires : on est en 1979, il y a en France un unique groupe qui a fait des choses intéressantes depuis l'avènement du punk outre-Manche, et c'est donc Métal Urbain que l'on retrouve comme énorme influence, dans le chant comme ici ou plus tard sur assaut ou encore demain, mais aussi au niveau des textes (hypnose) ou des musiques (tete de gomme). Bien sûr, on est beaucoup moins dans l'agressivité totale, et les rythmiques sont souvent bien moins saccadées, mais on retrouve une scansion qui ne peut qu'évoquer Clode Panik, et si Philippe Ross ne singe personne, on ne peut pas éviter la comparaison.

Autre connexion qu'il est impossible d'éviter, c'est bien évidemment celle qui mène à Charles de Goal, que Patrick Blain fondera dès la fin du C.O.M.A., et si les accointances sont évidentes sur le roi des voleurs (et son harmonica très inattendu), verre (très cold, avec beaucoup d'écho dans la voix) ou coma (qui évoque nettement l'homme-pierre), elles existent également sur hypnose et ses guitares saturées (et ses extraits de bruits télévisuels) ou encore sur demain, qui semble légèrement daté et flirte parfois avec des sonorités 70's pas forcément très punk. Paradoxalement, le seul titre signé intégralement Patrick Blain (la valse a mutant) est sans doute celui qui a le moins bien vieilli, plein de synthés et de boîtes à rythmes qui nous pourriront bientôt les années 80...

Nous avons également droit à un petit instrumental rigolo et sans prétention (consequences), ou encore un morceau au rythme plus marqué (femme-robot) qui s'appuie sur l'alliance synthés-boîte à rythmes et reste tout de même très marqué par la décennie qui n'est pas encore terminée.

S'il s'agit de ressortir un titre de cet album, on en conservera deux symptomatiques : coma, au piano obsédant, bercé par les battements cardiaques, à la voix hyper vocodée, est un morceau très lent et très visuel, sur lequel on imagine aisément un film se déroulant sous nos yeux, tandis que assaut, introduit par des coups de feu, est un hymne punk aux guitares saturées qui, on l'a constaté sur scène il y a peu à Mains d'Oeuvres, conserve une puissance énorme et aurait pu être un titre-phare d'une scène (pré ? post ?)-punk en pleine croissance à l'époque, mais sera resté un joyau caché pendant plus de trente ans !

Alors n'hésitez pas à fouiller les bacs de vos derniers disquaires pour dégotter cet album plus qu'intéressant, ou attendez (et espérez !) la parution en CD si vous n'avez plus la possibilité de lire le format vinyle...

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