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l'ayatollah du rock
23 avril 2014

[Jello Biafra and the Guantanamo School of Medicine] electronic plantation

Date : mercredi 23 avril 2014

 

Le 104 est rempli d’une faune inhabituelle en ce mercredi soir de vacances scolaires, puisque c’est une bonne partie du public punk que l’on avait déjà vu aux Adicts la semaine dernière qui est présente, même si ce soir le public est bien moins féminisé, et qu’on y trouve également pas mal de spectateurs assez anciens, sans doute présents en souvenir du “bon vieux temps” des DK, et qui se disent qu’il est plus honorable de venir au 104 que d’aller au Glaz’Art ou au Nouveau Casino...
 
Rien à dire sur la première partie, puisque l’écoute préalable m’avait préconisé de ne pas assister à la prestation de Le Sel (certains m’ont confirmé a posteriori que je pouvais largement m’en passer). On ne se pointe que sur les coups de 21h15, et le temps de passer au merchandising (15 euros le t-shirt, c’est très raisonnable), on descend dans la salle 400, un genre de gros cube, du type Gaîté Lyrique, mais en plus accueillant et un peu plus vaste, dont on se demande ce que l’acoustique va pouvoir donner...
On n’attend guère, d’ailleurs, puisque sur les coups de 21h49 les quatre musiciens (batterie, basse, deux guitares) déjà présents sur scène entament un instrumental lourd et assez violent, histoire de mettre chacun dans l’ambiance, avant que le chanteur ne déboule, en chapeau haut de forme et redingote rouge du plus bel effet : Jello Biafra and the Guantanamo School of Medicine est de retour à Paris ! En commençant par the brown lipstick parade, sans préliminaires introductifs (c’est la marque de fabrique de Jello), c’est à la fois le rythme, l’énergie et le sens de la communication du groupe qui transparaissent, puisqu’on remarque immédiatement que le chanteur est en permanence en activité sur la scène, telle la réincarnation du mime Marceau, mais en 500 fois plus agité, et si cela ne fait pas passer la partie musicale au second plan, loin de là, cela fait partie intégrante du show (visuellement, disons que le “lipstick” en question va se chercher avec le micro du côté du fondement biafresque...). La veste tombe, le chapeau résiste encore quelques instants, et Jello entame un mini-discours sur la distinction à faire entre banquiers et voleurs (globalement, on utilise les voleurs comme alibis pour ne pas s’occuper des “vrais voleurs”), et c’est john dillinger qui nous tombe sur le râble ! Le temps de retirer la chemise noire à pois blancs, et c’est le thème général de la soirée (de la tournée ?) qui déboule, puisque le “fuck austerity !” reviendra régulièrement tout au long du set, mettant en cause autant les politiques que les financiers, ce qui ne peut que plaire au public conquis d’avance, et new feudalism rentre dans nos esgourdes, le son qui était pour le moins limite sur le premier titre est désormais très bon, très fort aussi (certains semblent utiliser une appli qui mesurerait le niveau sonore à 109 dB...), et cela chauffe sérieusement dans la salle, de la fosse où le pogo est ininterrompu jusqu’à la scène sur laquelle un spectateur profite de panic land pour venir montrer ses fesses au guitariste (à moins d’un pari, on cherche encore le sens de cette intervention...). Si le concert n’est pas complet, il ne faudrait tout de même pas souffrir d’haptophobie, cela bouge, cela sue, cela crie et cela danse de partout, et si on n’est qu’au 4e titre, on a l’impression d’être sous un rouleau compresseur depuis plusieurs heures !
Le temps de rappeler que la campagne d’Obama a été la plus subventionnée, spécialement par Goldman Sachs, et c’est barackstar o’bummer qui surgit, à laquelle s’enchaîne le mid-east peace process habituel, et nous voila offerte la première reprise des Dead Kennedys, un california über alles réactualisé puisque c’en est désormais Schwarzenegger le protagoniste principal (en 1980, c’était Jerry Brown, depuis lors redevenu gouverneur de Californie...), de quoi mettre encore un peu plus la foule en folie, si c’est possible, et également la première occasion saisie par Jello de slammer sur la foule, ce qui ne l’empêche pas de chanter, au passage. On pourra d’ailleurs noter que la voix de Jello reste toujours égale à elle-même, et même s’il ne chante pas toujours (au sens classique du terme), il n’y aura pas la moindre faiblesse d’un bout à l’autre du set. Un electronic plantation plus loin, une comparaison (pas si hasardeuse) avec la situation u début des années 30 est faite pour introduire burgers of wrath (faites le lien avec “the grapes of wrath”), un morceau légèrement countrysant que Biafra avait créé lors de sa collaboration avec Mojo Nixon. On a droit à une (très) longue intro pour nazi punks fuck off, appelant à tenter de ramener les fachos à la raison plutôt que de les ignorer, ce court morceau faisant partie des plus violents que les DK avaient créé à l’époque étant de nouveau l’un des sommets des concerts du groupe depuis quelques années, signe qu’il y en a encore (et de plus en plus) besoin. On remarque à ce moment du concert que la set-list est inédite, le groupe ne joue jamais deux soirs de suite la même set-list, ce qui est à la fois agréable et frustrant (lorsqu’on attend un morceau joué précédemment sur la tournée, et qui ne le sera pas ce soir...).
On passe à la mise en garde concernant la privatisation des prisons avec three strikes, puis à une explication de texte concernant le gaz de schiste (Jello va jusqu’à crier “vive la France” pour sa position actuelle de refus), Biafra enfile un t-shirt “stop au gaz de schiste” et c’est le très ancien et efficace chemical warfare qui dévaste tout sur son chemin, Jello en profite pour se jeter une fois de plus sur la foule, et le set se termine sur un shock-u-py! hyper offensif, Biafra appelant à la résistance, à s’appuyer sur l’économie locale, et surtout à pratiquer le sabotage des grandes entreprises, ce terme reviendra plusieurs fois, et après ces 76 minutes Jello n’est pas le seul à avoir un t-shirt trempé, c’est la salle entière qui ruisselle, et une petite pause ne fait pas de mal...
Qu’on se rassure, on n’a même pas le temps d’aller se réhydrater, le groupe revient très vite, le guitariste arbore une chemise “free pussy riot”, Jello décrète (sans doute à raison) que “les gendarmes never change”, et c’est le très vieux police truck (DK) qui entame ce rappel, encore une occasion de stage-diving pour le chanteur, et c’est après un excellent pets eat their master (il me reste encore dans la tête, plus de douze heures plus tard) que le groupe quitte la scène, un peu après 23h15.
certains se sont dits que c’était définitivement cuit, alors la salle commence (très tranquillement) à se vider, mais le groupe revient une nouvelle fois sur scène, pour un deuxième rappel entamé par hollywood goof disease, ou comment faire en sorte que chacun n’ait qu’une envie, celle de devenir célèbre, ce qui évite de penser aux vrais problèmes, et Jello finit le concert torse nu avec un holiday in cambodia d’anthologie, qui aura permis de prolonger le concert jusqu’à la limite fatidique (il est 23h29 !), et la transhumance peut reprendre, chacun commence à faire ses calculs pour les horaires des transports en commun, les lumières se sont rallumées, mais on voit revenir le groupe pour un troisième rappel, signe que Biafra et ses acolytes sont heureux des réactions du soir car peu nombreux étaient ceux qui cherchaient à obtenir cet inespéré retour ! On a droit, en guise d’apéritif final, à la chanson la moins politique des Dead Kennedys, ce too drunk to fuck plein d’autodérision que nous n’attendions quasiment plus, et comme final (non, il n’y aura pas de quatrième rappel) c’est crapture qui clôt la soirée, une chanson narrant comment le monde se porterait mieux si tous les bigots étaient envoyés en orbite... Il est 23h44, c’est à un concert frôlant les deux heures que nous venons d’assister, et si certaines oreilles un peu sensibles vont prendre quelques heures à se remettre, on ne trouvera guère de spectateurs pour se plaindre de ce qui vient de nous être offert : lors des précédentes venues à Paris, le groupe n’avait jamais dépassé les 90 minutes... Donc, vivement le retour du groupe !
 
Set-list :
  1. The brown lipstick parade
  2. John Dillinger
  3. New feudalism
  4. Panic land
  5. Barackstar O’Bummer
  6. Mid-East peace process
  7. California über alles
  8. Electronic plantation
  9. Burgers of wrath
  10. Nazi punks fuck off
  11. Three strikes
  12. Chemical warfare
  13. Shock-u-py !
  14. Rappel : Police truck
  15. Pets eat their master
  16. Rappel 2 : Hollywood goof disease
  17. Holiday in Cambodia
  18. Rappel 3 : Too drunk to fuck
  19. Crapture
 
La suite, c’est dès ce jeudi soir au Café de Paris, avec les Out of School Activities.
 
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