[Blood Red Shoes] this is for us

Date : mercredi 19 mars 2014

Tandis que les agressions homophobes persistent dans ce beau pays de la manif pour tous (courage Jean-Paul !), les concerts continuent, et en ce mercredi soir printanier (officiellement, ce n’est que demain), la Gaîté Lyrique n’est pas loin d’afficher complet, et s’il n’y a pas de queue avant de pénétrer dans les lieux, c’est que la plupart des spectateurs sont déjà dans la place, et même déjà dans la salle de concert, à attendre la première partie.

De cette volonté de n’en rien rater, on ne peut décemment se plaindre, étant donné que le duo de Slaves réussit en guise d’apéritif à surchauffer la salle en deux temps trois mouvements ! Avec une formation guitare/batterie qui tend à devenir classique, mais en notant que le batteur est debout, et qu’il assure la plupart des parties chantées, le duo originaire du Kent se fait un nom en une prestation unique qui confirme les quelques infos glanées préalablement sur le net. En effet, si les deux garçons semblent très propres sur eux, bien coiffés et tout, le batteur arborant même une chemise blanche, cela ne dure guère, car la musique proposée, intersectant avec bonheur punk plus ou moins basique (on doute qu’Exploited n’ait jamais été écouté...), sonorités hard-rock tendance Trust ou encore indus à la Ministry de temps à autres, dégage une telle énergie qu’il est impossible de rester de glace devant cette démonstration de force. Pourtant, il n’y a rien de vraiment nouveau là-dedans, mais très clairement les deux musiciens ont déniché l’étincelle qui fait qu’un groupe possède le truc... ou pas. Comme en sus l’humour n’est jamais très éloigné de la prestation, comme sur cette très longue intervention du batteur, chez qui on reconnaît nettement des faux airs d’Eddie Argos (Art Brut), intervention préalable au titre girl fight qui ne dure que... 15 secondes ! Si on veut encore en rajouter dans le bon goût, certains titres rappellent également les regrettés Eighties Matchbox B-Line Disaster, autant dire que c’est une vraie grosse et belle découverte que cette première partie anglaise, dont on espère trouver rapidement de quoi se mettre dans les oreilles, et que l’on ne dédaignerait pas de retrouver sur une scène parisienne dans les mois à venir !

Le temps de changer (rapidement) la scène, et voici que le duo de Blood Red Shoes, qui a visiblement bien apprécié le set de Slaves (le batteur et la guitariste dansaient beaucoup pendant la première prestation de la soirée), arrive sur scène, pour ce qui s’annonce comme la première date de la tournée à l’occasion du nouvel album éponyme, et la question d’une soirée sous le signe exclusif de cet opus peut légitimement se poser, d’autant que c’est avec le nouveau titre entièrement instrumental welcome home que les hostilités sont entamées, un morceau qui confirme l’impression donnée par l’album d’une véritable continuité dans le son du groupe. Mais étant donné que c’est avec le déjà connu (et incontournable des set-lists du groupe) i wish i was someone better que le set se poursuit, on comprend que c’est à un mix entre nouveautés et titres plus anciens que nous allons être exposés, ce qui au final offrira une proportion de 6 nouveaux titres (sur 12) contre 11 “vieilleries”, sachant que certaines vieilleries ne datent que de l’an passé, et qu’elles sont discographiquement inédites pour moi... Après avoir assisté à plus d’une demi-douzaine de prestations du duo anglais, je sais à quoi m’attendre, mais le plaisir reste toujours le même : une rythmique lourde, des riffs acérés, un chant partagé entre le batteur et la guitariste (qui semble prendre de plus en plus d’assurance en tant que leader vocal), une énergie folle, un batteur dont le français est plus qu’honnête et qui sait se mettre un public dans la poche (ses quelques appels à claquer des mains sont presque superflus, tant le public est conquis d’avance), tout cela contribue à créer une ambiance de fête dans la salle bien chaude quoique respirable, et si Steven répètera plusieurs fois que la salle est la meilleure de Paris, on peut supposer que les spectateurs de ce soir n’y sont pas pour rien.

La plupart des titres sont présentés, plus ou moins rapidement, avant d’être entamés tambour battant (dans la majorité des cas), et si certains craignent un concert court, ils en sont pour leurs frais : se terminant sur le désormais habituel et très punk je me perds après une heure de set, il y en a vraiment eu pour tous les goûts, et si à titre personnel j’ai du mal à détacher un titre ancien des autres (allez, disons que j’hésite entre cold et light it up), on peut considérer que certains petits nouveaux vont rapidement faire un malheur, de an animal à the perfect mess, en passant par cigarettes in the dark qui entame le rappel... Le duo se concerte avant le dernier titre, et c’est finalement red river qui conclut ce set, après 69 minutes d’une intensité folle, et ceux qui vont avoir la chance de voir le groupe lors de ses autres dates françaises auront sans doute droit à une set-list différente chaque soir, de quoi regretter de ne pouvoir suivre le duo sur l’ensemble de ces concerts ! Et, cerise sur le gâteau, les t-shirts sont toujours aussi beaux...

Pour ceux que cela intéresse, le concert était retransmis sur arte.tv, et peut être visualisé (et écouté) ici : http://concert.arte.tv/fr/blood-red-shoes-la-gaite-lyrique. Vous m’en direz des nouvelles...

Set-list :

1. Welcome home
2. I wish i was someone better
3. Don’t ask
4. Speech coma
5. Everything all at once
6. This is not for you
7. It is happening again
8. Cold
9. The perfect mess
10. Black distractions
11. An animal
12. Light it up
13. Say something, say anything
14. Colours fade
15. Je me perds
16. Rappel : Cigarettes in the dark
17. Red river

La suite, ce sera au même endroit, dès vendredi soir, avec Savages, puis à Ivry samedi avec Frustration (oui, je sais, encore Frustration !).