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l'ayatollah du rock
23 octobre 2013

[PIL] poptones

Date : mercredi 23 octobre 2013

 

Contrairement à ce que je pouvais supposer, la Cité de la Musique annonce complet en ce mercredi soir (pareil pour le jeudi, d’ailleurs…), dans le cadre de son exposition Europunk, et effectivement on peut trouver du punk, au moins une crête très colorée, au milieu d’un bon nombre de costards-cravates, ce qui offre deux possibilités : soit il s’agit d’anciens punks qui ont vraiment mal tourné, soit il s’agit de bobos de base qui se sont souvenu avoir dansé en boîte sur LE tube de PIL dans les années 80… Parce qu’en plus, après le billet à 41 euros, la bière tiède à 5 euros, ça ne semble pas les défriser outre mesure…

 

Menfin, on est là, il est 20h00, on essaie de bien se placer dans la fosse, de ne pas rater la moindre minute de set, parce que ça fait 26 ans que PIL (Public Image Ltd pour les puristes) n’a pas joué à Paris, et qu’ils doivent être rares les présents à déjà les avoir vus ! Alors quand à 20h13 les lumières s’éteignent, et qu’on voit arriver sur scène John Lydon et ses acolytes (ben oui, il ne faut pas se leurrer, PIL c’est John Lydon depuis que Wobble et Levene ont quitté le navire), des frissons nous envahissent le corps, les pupilles s’agrandissent, on hésite à se mettre sur la pointe des pieds, et on ouvre bien grand les oreilles… Et pour tout dire, cela commence tranquillement, avec un deeper water assez pépère, tiré du dernier album « this is pil », sur lequel on n’a pas vraiment l’impression d’être totalement dans le concert, le son ne nous habite pas trop, on a le temps d’admirer le superbe poncho tendance serpillière du sieur Lydon (rassurez-vous, il l’abandonnera bien vite, pour nous montrer qu’il porte à merveille des vêtements trop grands pour lui…), mais les choses changent d’un coup, dès le deuxième titre. En effet, avec albatross (tiré de « metal box »), on se retrouve au cœur même du son originel, avec une basse énorme (le « nouveau » Scott Firth a totalement intégré le côté dub hypnotique qu’il doit créer), un jeu de batterie étonnant (Bruce Smith, ancien PIL, a joué avec les Slits, entre autres…) et des guitares (ou autres, on reconnaîtra un banjo, et on méconnaîtra d’autres instruments à cordes…) assez dissonantes, sur lequel le très barbu (version Grinderman) Lu (ancien Mekons, et l’un des premiers Damned, pour la petite histoire) a quasiment quartier libre, et il ne s’en privera jamais, tout au long du set ! Alors tout cela réussit petit à petit à nous emmener dans des univers bien balisés mais dans lesquels on a parfois du mal à reconnaître ses petits, il faut souvent quelques dizaines de secondes avant de reconnaître le titre, on est bien loin d’une recopie note pour note des versions studio, y compris pour les titres les plus récents. John Lydon, qui ne joue pas d’instruments, n’en fait pas trop sur scène, si on veut bien excepter ses grimaces, ses crachats et divers vidages nasaux, il n’est même pas très expansif, ne voulant sans doute pas tirer à lui une couverture que les 4 membres se partagent équitablement. Ce qui plaît également au public, du moins aux aficionados, c’est la set-list, puisqu’elle puise allègrement dans « metal box » (4 titres),  soit la même quantité que le petit dernier, mais l’éventail sera large, puisque seuls « the flowers of romance » et « that what is not » ne feront pas l’objet de reprises ce soir. Et il est bien difficile de jeter l’un ou l’autre des morceaux interprétés, tant la combinaison des 3 musiciens est réussie, ce qui peut sembler paradoxal puisqu’on a parfois l’impression qu’ils jouent indépendamment les uns des autres ! Mais la mayonnaise prend à merveille, même sur les titres que l’on n’imaginait si enthousiasmants : this is not a love song a tant été entendu qu’on ne pensait pas l’écouter avec tant de plaisir, the order of death (en medley avec the body) est issu du très faible album « this is what you want… this is what you get » mais est insidieusement prenant ce soir…

En sus, les titres que l’on sait efficaces le sont doublement, comme ce spectaculaire warrior ou même one drop, pourtant pas encore assimilé par la majeure partie des spectateurs, et si le groupe quitte la scène après 80 minutes hyper intenses, c’est pour mieux revenir après les quelques instants habituels dédiés aux cris et applaudissements divers, et le groupe revient encore plus féroce, puisque c’est par public image que le rappel est entamé, ou comment se souvenir que John Lydon était dans un petit groupe punk avant de former PIL… Une énorme claque, donc, qui est suivie d’une deuxième immédiatement derrière, puisque rise n’a pas pris une ride, et rappelle aux moins jeunes que la période de l’album « album » n’était pas si dégueulasse… Alors, bien sûr, certains trouveront que l’open up final est trop dansant, cette reprise de Leftfield tirée de l’album solo « psycho’s path » de Lydon ne fait pourtant pas tâche au milieu des autres titres, et en guise d’adieu ce n’est pas la pire des révérences que le groupe peut nous faire, au bout de 100 minutes bien pleines !

 

Alors, si j’ai attendu ce concert pendant une bonne trentaine d’années, si j’ai failli voir le groupe à Londres fin 2009 (mais l’Eurostar avait été bloqué par la neige et le gel…), le risque était grand d’avoir finalement une pointe de déception. Verdict : pas du tout, il n’y a aucun regret, juste un énorme plaisir, les hésitations nées d’un son encore limite sur le premier titre se sont envolées très rapidement, et comme le groupe ne s’est pas moqué du monde (sur scène, précisons-le, car on ne s’attardera pas sur le merchandising, avec des t-shirts à 30 euros…), on sort de la salle avec une banane comme ça, des étoiles plein les yeux et les oreilles, et surtout on n’a pas assisté à la chute d’un mythe, bien au contraire, et je vais pouvoir continuer à écouter les albums du groupe sans remords !

 

 

Set-list :

 

  1. Deeper water
  2. Albatross
  3. This is not a love song
  4. Poptones
  5. Careering
  6. The order of death / The body
  7. Warrior
  8. Reggie song
  9. Swan Lake (Death Disco)
  10. Out of the woods
  11. One drop
  12. Rappel : Public image
  13. Rise
  14. Open up

 

La suite, c’est dès ce jeudi soir, même endroit, même motif, même punition, avec les Buzzcocks et Frustration…

 

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