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l'ayatollah du rock
26 septembre 2013

[Didier Super] quand soudain !...

Date : 26 septembre 2013

 

La Nouvelle Seine est, comme son nom peut le laisser deviner, une nouvelle salle située sur une péniche (sur la Seine, donc, si vous avez suivi), installée juste en-dessous du Pont au Double, et qui a ouvert il y a deux mois. Elle propose en ce moment un festival d’inauguration sous le thème « Théâtre et Humour ». Après une entrée périlleuse sur le bateau (la passerelle et l’escalier sont pour le moins raides !), on se retrouve au sous-sol, dans une salle comportant une petite scène, une centaine de sièges (pas si inconfortables que leur aspect pouvait le faire accroire), un public trentenaire globalement assez propre sur lui (certains le regretteront par la suite…), et un décor assez minimaliste sur scène : 3 paravents, une chaise, deux micros, on n’a pas trop d’indices sur ce qui nous attend…

 

Heureusement, il ne faut pas longtemps avant d’être mis au jus : Didier Super arrive sur les coups de 20h15, nous informe que ce soir, c’est à un spectacle pour enfants que nous allons assister, et que si nous sommes surpris, nous n’avions qu’à nous renseigner avant de venir… Bref, en quelques secondes, nous sommes dans le vif du sujet, à savoir un comédien agressif, virulent, dont l’humour très noir flirte largement avec les limites du mauvais goût, ou plutôt avec celles du politiquement correct, même s’il semble évident que ses saillies ne représentent en rien l’opinion réelle du comédien. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on aura droit plusieurs fois à quelques piques au sujet de Dieudonné, qui s’était permis au moment de l’affaire Méric d’utiliser des extraits de sketches de Didier Super pour « cautionner » ses accointances nauséabondes avec l’extrême droite…

Alors on ne va pas rentrer forcément dans le détail du spectacle, histoire de ne pas gâcher le plaisir de ceux qui le verront dans les mois à venir, on ne citera que quelques éléments clé (ou non, d’ailleurs, et j’en oublie forcément) qui pourront allécher (ou rebuter) les spectateurs potentiels. Donc, s’il s’agit bien d’un spectacle pour enfants (la preuve, il y a même une fée), il n’est bien évidemment pas du tout pour les enfants (sauf si vous estimez que ceux-ci sont capables de différencier le premier du énième degré). Il ne s’agit donc pas d’un récital (quel mot suranné, et à connotation péjorative !), et aucun ancien titre n’est ce soir interprété, mais il y a tout de même quelques nouvelles chansons qui parsèment le spectacle, et on peut estimer (je le fais moi-même) que celles-ci sont encore meilleures que ses anciens tubes, pourtant déjà bien tordants. Un rappel, au passage : assister à un spectacle de Didier Super en étant assis dans les premiers rangs, c’est prendre le risque de se faire insulter, cracher dessus, voire salir si on refuse d’utiliser la bâche de protection mise à disposition en temps utile…

Au fil des minutes, on peut ainsi rire de tout : femmes (et même Femen au besoin), Juifs, Arabes, enfants affamés, curés, flics, produits chinois et mondialisation, il y en a pour tous les goûts, ça part dans tous les sens (mais de manière très construite, rassurez-vous), et les moments de repos pour les zygomatiques sont très rares. Bien sûr, on constate avec une certaine délectation que certains accompagnent leurs rires de quelques « ooooh ! » légèrement choqués, et cela confirme que certains sont venus s’encanailler avant de retourner dans leur cocon de bourgeois bienpensants, c’est sans doute cela qui plaît également à Didier, surtout lorsqu’il tâche des vêtements ou effraie réellement une femme enceinte (véridique !) avec sa tronçonneuse en activité, au moins pour le son : comme il le dira lui-même à plusieurs occasions, « venir voir Didier Super en payant 25 euros, il faut avoir les moyens, donc vous allez en avoir pour votre argent » (j’ai résumé très approximativement la pensée du bonhomme).

Paradoxalement, ce que je considère peut-être comme le plus réussi dans cette soirée est cette capacité à énerver avec une simple boîte à musique : remontant et ne cessant de stopper/remettre en marche cette berceuse que l’on adore pourtant en intro chez ACWL (à l’absent), Didier finit pour réussir à focaliser une partie de notre courroux sur cet innocent instrument, cela permet sans doute aux ballades massacrées sur la guitare d’enfant de passer plus facilement au travers de nos conduits auditifs… Visuellement, c’est également un « plaisir », car Didier dans son habituel sous-pull trop petit en lycra marronnasse vaut le coup d’œil, sous ses lunettes à moitié cassées, et cela ne fait que confirmer le fait que ce spectacle, comme les précédents du bonhomme, est pensé et calculé au millimètre, même si la part laissée à l’improvisation est évidente (et bien utilisée). Alors, oui, on rit, d’abord un peu, puis beaucoup, enfin énormément, et quand le spectacle est fini on profite du beau temps et de la localisation pour en prendre une petite resucée sur le quai, où Didier insulte les bateaux-mouches qui passent, nous interprète deux derniers titres, refuse sèchement de reprendre un vieux morceau à la demande (« on n’est pas à la chance aux chansons ici ! »), et finit par nous laisser, après 90 minutes d’une intensité et d’une densité folles, réussies au-delà de ce qu’on pouvait imaginer, et qui donnent envie d’en reprendre le plus vite possible. Ça tombe bien, on retournera le voir, à la Cigale, en décembre, avec l’un de ses autres spectacles…

 

La suite, ce pourrait bien être samedi prochain, avec le retour de Wire au Trabendo.

 

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