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l'ayatollah du rock
6 avril 2013

[Sinéad O'Connor] fire on la défense

Date : 6 avril 2013

 

Si vous vous promeniez samedi soir sur l’esplanade de la Défense, juste devant la Grande Arche, sur les coups de 20h00, vous pouviez constater qu’une immense queue (de l’ordre de 200m de long) s’était formée, pour entrer dans le Magic Mirror, une salle de spectacle très temporaire, puisque créée pour les 15 jours du festival Chorus des Hauts-de-Seine. Cela aura prouvé aux retardataires qu’ils auraient pu attendre encore, et aux gens précis qu’il faisait encore bien froid pour un début d’avril...

 

On pénètre enfin dans les lieux, qui sont une copie conforme du Cabaret Sauvage, pour la partie salle de concert, c’est-à-dire une espèce d’arène de cirque sous chapiteau assez bas, tandis que le bar est très éloigné de la scène, ce qui évitera d’entendre les gueules saoules pendant les sets... Et il est 20h30 pétantes (la précision est de mise ici) lorsque le M. Loyal du soir vient nous présenter la soirée, pendant à peine plus d’une minute, suivi par l’entrée en scène de Lou Doillon et ses 4 musiciens. Comme pas mal de ses collègues actrices, la fille de Jane Birkin a décidé de se mettre à la musique, et c’est donc avec circonspection, vu les précédents rarement réussis (Scarlett Johansson, Mélanie Laurent, sans même trop se pencher sur les catastrophiques Deneuve ou Dombasle, et là on ne parle pas que de musique...), que nous assistons aux premières minutes d’un répertoire assez bancal, chanté exclusivement en anglais, oscillant entre rock estampillé seventies (sans trop de violence, plus rock français que punk anglo-saxon, si vous voyez), country fadasse, pseudo-prog et slow lancinant... Bref, il n’y a pas grand chose d’enthousiasmant au niveau musical, et si la voix de la donzelle est bien plus intéressante que celle de sa génitrice, ce mélange d’acidité et de raucité manque encore de personnalité pour pouvoir ne serait-ce que s’approcher d’une Janis Joplin dont on sent qu’elle pourrait être une inspiration. Et que dire de ce groupe de balloche, avec un guitariste qui cherche à tout prix à placer un vieux solo pourri, une section rythmique qui fait de la répétitivité une loi, jusqu’au clavier qu’on ne cite que pour faire le nombre ? Difficile d’attendre grand chose d’un tel ensemble, et pourtant on réussit à être déçu, car les deux reprises montrent que Miss Doillon fait à la fois preuve de bon goût dans ses choix et de très mauvais goût dans leur interprétation : c’est d’un véritable massacre que should i stay or should i go est victime, en version folk, et vous savez que toucher aux Clash est synonyme de casus belli chez moi ! Mais en sus, Lou tente de reprendre le i go to sleep des Pretenders, et c’est bien trop casse-gueule pour pouvoir espérer réussir, tant la voix nasillarde peut créer d’énervement en comparaison de la voix de Chrissie Hynde... Là, c’est nettement une balle dans le pied que la miss s’est tirée, même si certains semblent s’en satisfaire, ne se formalisant pas de l’oubli d’une partie des paroles ou de l’horrible et incongru solo final. Au final, ce sont 55 minutes qui plaisent à certains, mais qui me laissent au mieux froid, au pire énervé, c’est donc une expérience qu’on évitera de renouveler !

 

Heureusement, c’est surtout pour la suite qu’on a effectué le plus court déplacement de l’année (5 minutes à pied, c’est top !), et la chair de poule entame sa progression sur les coups de 22h00, lorsque Sinéad O’Connor et ses 5 musiciens (la parité est parfaite, avec une bassiste et une guitariste rythmique pour un clavier, un batteur et un lead-guitariste) arrivent sur scène. Le temps de régler la voix légèrement tremblante l’espace d’une vingtaine de secondes, et queen of denmark met d’entrée la barre hyper haut, Sinéad a retrouvé sa pureté vocale, en plus elle a caché son désastreux tatouage poitrinal sous un très austère costume de curé, ce qui permet de se concentrer sur l’essentiel, soit la musique. Une petite ambiance reggae avec 4th and vine qui suit, toujours très bon lui aussi, et un bon morceau toujours récent, reason with me, qui fait baisser d’un bémol le niveau, avant d’entamer un sublime jackie, qui nous ramène plus de vingt ans en arrière, et en fermant les yeux on oublie sans difficulté ce laps de temps... Les voix féminines forment un superbe écrin à take off your shoes, avant que les choses encore plus sérieuses ne soient entamées par un three babies sans section rythmique, qui commence à titiller nos glandes lacrymales. Mais que dire alors de la version en solo et totalement a cappella de i am stretched on your grave ? L’émotion est palpable, et les frissons sont quasiment visibles sur les visages de chacun, on en est même à se demander si la suite pourra valoir le coup... Très vite, on a la réponse, puisque c’est nothing compares 2 u qui enchaîne, avec un public conquis d’avance, mais cela ne peut pas expliquer en soi la vague de plaisir qui submerge l’ensemble du public ! Alors, les deux titres qui suivent peuvent faire office de pause, the healing room étant réussi sans extase et the wolf is getting married constituant sans doute le seul titre partiellement raté de la soirée... On peut également considérer que thank you for hearing me est trop classique pour stimuler encore les endorphines, mais le concert va reprendre un coup de boost avec in this heart, en version quasi a cappella sur laquelle chacun des musiciens viendra au fur et à mesure ajouter sa voix à celle de Sinéad : là aussi, ce sont des frissons garantis, et les yeux pétillent à raison partout dans la fosse... Alors, même si on ne comprend pas toutes les interventions de la chanteuse, qui réussit souvent à éviter le micro, on sent qu’elle est très à l’aise ce soir, avec des petites touches d’humour au fil du set, et on imagine que ces soucis de l’an passé (elle avait dû annuler la fin de sa tournée, après la date parisienne) se sont estompés, même s’ils n’ont pas totalement disparu. Résultat, on a encore droit à des joyaux pour finir le set, avec the emperor’s new clothes en guise de début de la fin, suivi de l’inespéré (pour moi) fire on babylon, l’un des sommets discographiques de l’Irlandaise, dans une version assez proche de l’original, pleine d’énergie et pour laquelle il n’est nullement question de baroud d’honneur, c’est une vraie interprétation qui vient encore et toujours des tripes de Sinéad, et on en ressort épuisé... Juste le temps d’un the last days of our acquaintance toujours aussi beau, et le groupe peut quitter la scène avec le sentiment du devoir accompli, même si le temps a filé à vitesse grand V, signe d’une absence totale d’ennui et d’une envie que cela dure encore un peu... Alors Sinead revient, et nous offre un ultime VIP en version a cappella, et les lumières peuvent se rallumer après 85 minutes de plaisir total, toujours renouvelé, et qu’on espère nous voir offrir encore et encore dans les mois et années à venir.

 

 

 

Set-list

 

  1. Queen of Denmark
  2. 4th and vine
  3. Reason with me
  4. Jackie
  5. Take off your shoes
  6. Three babies
  7. I am stretched on your grave
  8. Nothing compares 2 u
  9. The healing room
  10. The wolf is getting married
  11. Thank you for hearing me
  12. In this heart ??
  13. The emperor’s new clothes
  14. Fire on Babylon
  15. The last day of our acquaintance
  16. Rappel : VIP

 

Une dizaine de jours avant de retrouver Kid Congo au Point FMR.

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Commentaires
R
L'horrible et incongru solo final ? Non mais déjà que fait cette personne dans la chanson, que fait Mélanie Laurent dans la chanson, et les autres, hein ? Parlons-en des autres.... Oué bon nan, n'en parlons pas. C'est plus la Sinead O'Connor version reggae qui m'intéresse !! Mince elle n'a pas joué "downpressor man" ?? Too bad !<br /> <br /> Bon et elle a toujours le crane rasé ?
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