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l'ayatollah du rock
9 février 2013

[Warum Joe] ben oui, pourquoi Joe ?

Date : 9 février 2013

 

Samedi soir, il ne sert à rien de se presser pour arriver à temps aux Combustibles, vu que c’est avec plus d’une heure de retard que la scène verra arriver ses premiers musiciens, de quoi regretter d’avoir échangé un vrai repas contre un mauvais kebab...

 

La salle est à moitié remplie lorsque Joe Sent Me s’installe sur scène, un quatuor rouennais emmené par une chanteuse à voix rauque accompagnée d’un bassiste omniprésent pour faire bouger les spectateurs et de deux autres membres (batterie, guitare) bien plus posés, qui possède la particularité de jouer avec des instruments acoustiques électrifiés, sans doute pour donner un son particulier aux morceaux repris en concert... Car si on a parfois des doutes dans les premières minutes, il ne faudra pas longtemps avant de comprendre qu’il n’y a pas de compositions originales dans ce set, tout est du réchauffé, en provenance directe de l’Angleterre des années 1976-1982, ou peu s’en faut, puisqu’on ira parfois jusqu’en Australie pour aller piller les vestiges des Saints... Si les années sont bien ciblées, c’est bien entendu dans les vieux pots punk et oï que l’on trempe, assez souvent de manière trop gentillette pour enthousiasmer (nasty nasty des 999 manque singulièrement d’énergie), et avec des choix pour le moins douteux (did you no wrong fait tout de même partie des rebuts des rares titres des Sex Pistols, non ?), sans parler de l’allusion nette à Screwdriver... Alors si on reconnaît la plupart des titres (don’t dictate de Penetration, également décevant, white riot en version ultra bourrine qui fera se retourner Joe Strummer dans son mausolée), on se rend compte que les bâillements plus ou moins marqués font partie du répertoire de pas mal des spectateurs présents, et même l’appropriation du fier de ne rien faire des Olivensteins n’y change pas grand chose ! Alors on regarde le t-shirt de la chanteuse (Sue Catwoman, ça c’est plutôt original !), on supporte un where have all the boot boys gone identique à l’original lourdingue des peu inspirés Slaughter and the Dogs, on se réveille un poil sur du Peter and the Test Tube Babies, et puis d’un coup on se rend compte que le niveau est monté d’un cran, le too drunk to fuck des Dead Kennedys est plutôt bien exécuté, tout comme son petit frère in-sight, et si on a des craintes sur son intro, le fast cars des Buzzcocks s’en sort lui aussi avec les honneurs. Bon, on n’échappe pas à la scie street-oï if the kids are united des Sham 69, un mauvais morceau à la base qui ne peut en rien être bonifié, mais le passage de l’Atlantique vers les Dead Boys et leur sonic reducer est plutôt réussi, et le set se clôt avec les Damned, un stab your back incongru quoique tout aussi plaisant, qui confirme que la fin du set est bien meilleure que le début... Un rappel de deux titres, le breakdown des Buzzcocks et 2 million voices des Angelic Upstarts, et on peut en terminer avec cette heure (58 minutes, pour les pinailleurs) pas originale pour un sou, mais qui aura permis de réviser quelques classiques dans un genre de compilation pas désagréable...

 

La suite, c’est un deuxième groupe rouennais, Nono Futur et les Déglingos, toujours un quatuor, mais qui semble bien plus miser sur le look que la musique, avec son guitariste buriné à bandana, son bassiste à longue barbe et t-shirt Judas Priest, et son batteur torse nu, ce beau monde entourant un chanteur à lunettes roses d’enfant qui va nous débiter pendant cinquante minutes des textes en français flirtant avec le plus bas niveau possible, du genre “le président de Chine / a une toute petite pine”, et encore je n’ai sans doute pas retenu le plus lamentable... Côté musique, c’est du classique, du punk hésitant entre Cadavres, Trotskids et Ludwig, avec, ô hérésie, des vrais solos de guitare, de quoi flirter avec l’insupportable ! Si on veut vraiment être honnête, ce n’est pas toujours totalement désagréable, cela peut rappeler les années 80 et sa litanie de groupes Chaos aux talents divers, et l’exagération dans le mauvais goût peut même aller jusqu’à faire sourire, il n’empêche que très rapidement on attend la fin avec impatience. Et si le “meilleur” du set ne se situe pas au moment où le chanteur casse une corde de guitare, puisque cela rallonge d’autant la durée du set, il se situe réellement en toute fin, avec ce merveilleux moment de bonheur que constitue le titre “va te faire enculer”, une extraordinaire poésie qui passe en revue à peu près la moitié de la population mondiale tout en marchant allègrement sur les plates-bandes de pas mal de groupes punk, au passage...

 

Heureusement, c’est pour le troisième groupe que le public, pas vraiment plus nombreux qu’au début, s’est déplacé, et ce soir il va avoir droit à un set particulier puisque le line-up habituel de Warum Joe est totalement modifié, avec “la rouquine” aux machines, et un jeune Jeannot à la guitare, en l’absence d’un Nicus sur qui repose généralement la bonne tenue du set... Alors, puisque visiblement les répétitions ont été limitées, l’intérimaire guitaristique va borner ses interventions aux parties rythmiques, on remarque qu’il a à portée d’œil un petit pense-bête pour chaque chanson, et il est donc évident que les morceaux vont avoir bien moins d’ampleur que d’habitude ! Moins d’ampleur, certes, mais cela signifie également un retour aux sources, et donc des vieilleries à tire-larigot, ce qu’on pourra confirmer en fin de set, puisque rien que le premier M45, qui date de 1981, est quasiment intégralement joué, dans des versions qui n’ont pas forcément de lien direct avec les originales, mais conservent une force étonnante après tant d’années ! Et si personne ne s’étonne d’entendre des bogota ou datcha, hymnes incontournables du groupe, que tous les spectateurs reprennent en chœur, le plaisir est décuplé à l’écoute des ralf & karl ou peste noire, ou encore des effluves et autres help the give give... On a dit que les spectateurs ne sont pas très nombreux, en revanche les présents sont survoltés, certains (on reconnaît le fils du chanteur, mais il n’est pas le seul) viennent aider le chanteur, qui les accueille avec bienveillance, pendant qu’un sympathique pogo se met en place devant la petite scène, sous le regard amusé des videurs, qui ont dû s’ennuyer ferme ce soir, tant l’ambiance est bon enfant... Les reprises adaptées en français et plus ou moins maquillées sont toujours réussies, entre Ramones, ATV ou Damned, et s’il y a quelques couacs (plus du fait du clavier que du guitariste d’appoint, d’ailleurs...), peu importe, chacun en rigole avant de passer au morceau suivant, et on va de (bonne) surprise en (excellente) surprise, puisque les cosmopolites ou CFC (chloro fluoro carbone, pour les non-initiés) sont également accueillis avec ferveur. Finalement, les craintes en voyant le groupe grimper sur scène se changent en plaisir instantané, ce “best of” mélangé entre raretés et “tubes” (à petite échelle, bien sûr) frise la perfection, et si eliane ou electrolyse manquent à l’appel, personne ne se plaint, seul mauser fucker faisant l’objet de demandes répétées et vaines... Gageons que nous y aurons droit une prochaine fois ! Après 50 minutes bien pleines, et quelques instants d’hésitations, le groupe nous propose deux vieilles pépites en guise de bouquet final, et cela permet de boucler l’heure tout en respectant (presque) les horaires, puisque la marche rapide vers la Gare de Lyon permet d’attraper le dernier RER, à deux minutes près... Expérimental, donc, mais toujours jouissif, longue vie à Warum Joe !

 

 

Set-list (probable) :

  1. Le jour se lève
  2. Le camionneur
  3. Tchang
  4. Idi Amin
  5. Carpates show
  6. Datcha
  7. Peste noire
  8. Dactylo
  9. Peine totale
  10. Sang famille
  11. Kommando
  12. Ralph und Karl
  13. Les cosmopolites
  14. A.I.D.
  15. C.F.C.
  16. Bogota
  17. Help the give give
  18. T. Bird (?)
  19. Loto critique
  20. Ballroom au Ritz
  21. Rappel : Effluves
  22. Music box

 

La suite, ce sera ce dimanche soir à la Maroquinerie, avec le retour des Gallon Drunk dans le cadre du festival des Nuits de l’Alligator.

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