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l'ayatollah du rock
15 avril 2012

[Sinéad O'Connor] nothing compares to her

Date : 15 avril 2012

 

Il fait gris et froid, c’est dimanche soir, il faut une sacrée motivation pour sortir de chez soi, mais je ne vais pas me plaindre, j’ai choisi depuis longtemps de me rendre au Trianon ce soir, et je suis d’ailleurs certain que je ne le regretterai pas !

 

Pourtant, la question peut se poser d’entrée, étant donné que la première partie a déjà commencé à 19h02 (le billet annonçait 19h00), lorsque je me fais accompagner jusqu’à ma place dans l’obscurité : c’est un concert assis, places numérotées, public pas très juvénile, on peut douter d’avoir l’ambiance des grands soirs... Et surtout, il y a sur scène ce jeune homme apparemment bien sous tous rapports, en chemise blanche bien nette, qui tient sa guitare de manière très convenable, et qui nous inflige probablement la pire purge que j’ai jamais dû subir ! Une voix pleine de réverbération, assez criarde, très haut-perchée, en fermant les yeux je pense plus à Demis Roussos qu’autre chose, et pourtant je ne suis pas du genre à faire des cauchemars éveillé... Les paroles sont uniquement en anglais, cela cache sans doute la misère, car avec la multiplicité d’effets que subit la voix, on a du mal à comprendre le moindre mot. Histoire de varier les plaisirs, un harmonica fait son apparition, et là c’est Dylan qui est invoqué, mais qui n’arrive pas vraiment... Un masque est placé sur le deuxième micro, qui ne permet pas de voir le système installé pour tant modifier la voix, alors on en profite pour lever les yeux au plafond, le théâtre est très joli, mais on n’est pas venus pour ça ! Un nouvel essai, au moment où les effets se re-multiplient, là, non, ce n’est vraiment plus possible, il faut faire quelque chose, alors je tente une expérience : sachez-le, si vous aviez des doutes, on ne peut s’isoler avec ses seules mains, il m’aurait fallu un vrai casque anti-bruit pour échapper à cette musique d’une prétention sans nom, qui s’amuse à additionner à l’infini les petites touches en espérant qu’en sortiront des idées. Bref ce sont 40 minutes de souffrance, la pire première partie jamais vue (et surtout écoutée), et comble de malheur, il est impossible de trouver le nom de ce bonhomme, qui marmonnera une fois quelque chose du genre “Gaël des Salles”, ce qu’on ne retrouve nulle part sur Internet, vous risquez donc de tomber à votre tour sur cet individu malfaisant à l’occasion d’une première partie, et j’en suis d’avance désolé pour vous !

 

Heureusement, on a une bonne vingtaine de minutes pour se vider la tête, avant que la scène soit remplie par les musiciens qui accompagnent Sinéad O’Connor sur cette tournée, puisqu’on ne trouve pas moins de deux guitaristes, un clavier, un batteur (caché dans sa cage de plexiglas), une bassiste et une choriste autour de l’Irlandaise, ce qui change de la version minimaliste d’il y a trois ans pendant Jazz à Vienne avec Marc. Groupe complet, gros son à prévoir, et surtout une chanteuse visiblement très en forme, la tête tondue de près, les formes légèrement affinées par rapport aux dernières images, et si les premières mesures de the healing room laissent craindre une petite faiblesse vocale, il ne faudra pas longtemps pour que la voix, qui a évolué depuis les débuts de la donzelle, reste d’une force émotionnelle intacte, et d’une précision étonnante, que ce soit lors des chants en force ou plus en finesse, le murmure faisant partie du répertoire le plus marquant. Ce premier titre, issu de “faith & courage” (2000), constitue une entrée en matière vraiment réussie, annonciatrice de la suite... En effet, en plaçant au passage l’essentiel des titres du dernier album “how about i be me (and you be you) ?” (l’une des spécialités de Sinéad tient en la longueur des titres de ses albums, voir le “she who dwells...” qui détient le pompon), notre Irlandaise de choc nous offre un concert rempli de gros son, les guitares sont heavy lorsqu’il le faut (sur old lady, étonnamment, par exemple), la basse vous rentre dans le plexus à l’occasion (the wolf is getting married)les rythmes sont omniprésents, le groupe est globalement très costaud, mais toujours au service de sa chanteuse. Celle-ci donnera l’impression tout au long du set de subir divers désagréments techniques (les retours, les oreillettes, la balance...), mais cela n’aura aucune influence sur sa bonne humeur, et si elle ne prononcera pas un seul mot de français (en dehors de l’”au revoir” final), ses explications en anglais très accentué (elle nous avouera que les Irlandais eux-mêmes ont du mal à se comprendre...) seront souvent empreintes d’humour, de petites sorties très réussies sur les hommes, la religion, les femmes, la Vierge Marie, bref tout ce qui la hante depuis le début de sa carrière... Au rayon des nouveaux titres, on retiendra particulièrement 4th and vine, mais aucun autre titre ne décevra réellement, confirmant la bonne tenue de l’album, il n’y aura pas de baisse de qualité pendant le set. Au niveau des choses plus anciennes, jealous en version quasi-acoustique sera très honnête, pendant que the lamb’s book of life, avec son intro 100% reggae pur jus, déchirera tout sur son passage, et constituera l’un des sommets de la soirée... Je dis “l’un des sommets”, car il est difficile de ne pas placer au même niveau les interprétations de the emperor’s new clothes, dont on retrouve tous les riffs sur scène ce soir, ou de l’incontournable nothing compares 2 u, dédié à son fils Shane, et qui continue encore et toujours à donner des frissons... Le reste ? Il demeure de très bon ton, avec un never get old qui conserve toute sa tension, un i am stretched on your grave dédié à un ami (nom non reconnu), ou three babies proposé en version 2 guitares acoustiques. Et lorsque le reggae se fait plus présent, comme sur the glory of jah, c’est après une hilarante présentation du morceau à propos de la Vierge Marie espérant tombée enceinte sans le passage obligé par le pénis (“thank God for no cock”, en VO). A l’occasion, le claviériste se mue en flûtiste, le son du délicieux tin whistle étant un régal pour les oreilles (the lamb’s book of life, three babies), et c’est avec le toujours émouvant the last day of our acquaintance que le groupe se retire, après 76 minutes de pur plaisir.

Le temps pour le public de se lever (et de rester debout jusqu’à la dernière note, au passage) et de faire énormément de bruit, et les musiciens reviennent pour un rappel très copieux, puisque pas moins de 5 titres sont au menu : une excellente version de take off your shoes, puissante à souhait, suivi d’une véritable tuerie, cette réinterprétation de jackie avec ses énormes guitares, et enfin la reprise de queen of denmark (John Grant), assez excellente elle aussi. Les musiciens se retirent, définitivement ce coup-ci, et Sinéad emploie une guitare acoustique pour une superbe interprétation de 33, sans doute sa propre chanson préférée selon ses dires. Et histoire de laisser un (encore plus) grand souvenir, le titre final est présenté comme suit : c’est la chanson que les moines irlandais se chantent le soir avant d’aller dormir, histoire sans doute de se pardonner (de manière prophylactique, ajoute-t-elle) les pensées ou les actes impurs de la journée... Ce before we end our day, a cappella, est très beau, et cela permet au concert de se finir doucement, après quasiment 1h40, sans voir autre chose que des sourires sur les visages environnants, il n’y a nulle déception ce soir, et certains iront sans doute même jusqu’à parler de renaissance. Pour ma part, n’ayant jamais été déçu par les évolutions de Sinéad O’Connor, je dirais seulement que c’était un excellent concert, et que si elle est dans une telle forme , il n’y a aucune raison de ne pas la revoir en France dans les mois à venir... On peut rêver, non ?

 

Set-list

  1. The Healing Room
  2. I Had A baby
  3. The Emperor’s New Clothes
  4. Never Get Old
  5. The Wolf Is Getting Married
  6. Old Lady
  7. Jealous
  8. Reason With Me
  9. I Am Stretched On Your Grave
  10. Three Babies
  11. 4th And Vine
  12. The Lamb’s Book Of Life
  13. The Glory Of Jah
  14. Nothing Compares 2 U
  15. The Last Day Of Our Acquaintance
  16. Rappel Take Off Your Shoes
  17. Jackie
  18. Queen Of Denmark
  19. 33
  20. Before We End Our Day

 

Mercredi, direction le Divan du monde pour une nouvelle prestation de And Also The Trees.

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