[Diamanda Galas] 25 minutes to go

Date : 4 juin 2010

C'est vendredi soir, et avant de préparer un week-end fatigant, on se met dans l'ambiance avec une nouvelle soirée du festival Villette Sonique, dans cette grande Halle de la Villette qui attire encore pas mal de monde, en dépit d'un changement assez récent des deux premières parties...

Le quatuor japonais qui arrive sur scène s'est paraît-il installé récemment à Londres, et fait sa première date en France ce soir, mais cette apparition de Bo Ningen ne fait pas dans la dentelle : un déluge de guitares, des cheveux longs comme ça, on s'attendait à du "Psychédélique / Rock / Expérimental", mais pas à ce point ! On comprend mieux les références qu'on trouve au fil des critiques récoltées ci ou là, évoquant Amon Duul ou Can, voire du noise-rock ou du "punk progressif" (je ne comprends toujours pas ce que cela peut signifier...), mais perso cela me donne uniquement l'envie d'aller m'isoler à l'autre bout du monde, et donc on ne dépasse pas les trois titres avant d'aller profiter de la température plus que clémente à l'extérieur : c'est vraiment un genre qui m'est totalement étranger !

Genre totalement différent, mais réaction quasiment identique lorsque Programme arrive entame son set, puisque le duo guitare / chant (avec tout le reste sur machines) de l'ancien Diabologum pratique une musique assez noise qui peut intéresser, sur des textes en français, mais dans un phrasé se rapprochant trop du flow rap pour ne pas me hérisser le poil... Je sais, je pourrais faire des efforts, mais c'est viscéral, je ne peux tenir très longtemps dans ces conditions, on en profite donc pour aller se sustenter à proximité, tout en se disant que c'était bien la peine d'être venus à 19h30, pour ne pas supporter les deux premières parties...

Heureusement, dès que Diamanda Galas s'installe derrière son piano et entame sa prestation, on commence immédiatement à avoir des frissons qui vous parcourent le corps, la chair de poule nous envahit, tant on sent d'émotions dans le chant de l'interprète ! Toute vêtue de noir, la chanteuse va comme toujours nous faire partager ses noirs sentiments, au travers de chansons de différents pays, qui relatent toutes qui la souffrance, qui la mort, qui la maladie, qui un ou l'autre génocide... Les spectateurs ont eu le droit à une liste de titres parmi lesquels Diamanda piochera, les morceaux étant chantés dans leur langue originale, et on peut supposer qu'il est de l'arménien ou de l'arabe comme du français, c'est-à-dire que la chanteuse massacre parfois les paroles, mais en s'appropriant tellement le sens des chansons qu'on lui accorde volontiers le droit de ne pas maîtriser quinze langues à la fois ! En ce qui concerne les titres en français, les deux reprises de Brel (amsterdam, très beau, et un poignant fernand, qui arrache quelques larmes) sont vraiment étonnantes, et si les 3 derniers titres en rappel (en deux fois) semblent un peu soft par rapport au reste du set (en dépit de très belles interprétations de heaven have mercy ou 25 minutes to go), on est loin d'un "Jazz / Blues / Classique" qui traverserait les oreilles sans faire de dégâts ! La preuve, une partie du public quitte les lieux au fur et à mesure du concert, ne supportant pas les façons de chanter/crier/hurler/gémir qui se mélangent tout au long du set, sans que cela ait le moins du monde l'air factice, la chanteuse vit réellement les textes, on sent qu'elle se donne physiquement à fond, et en fin de concert on la sent totalement vidée... Ce n'est pas le genre de prestation dont on sort indemne, qu'on aime ou non la manière d'agir de la donzelle, personnellement cela me remue jusqu'au plus profond de moi-même, mais on attend donc avec impatience de recommencer cette expérience !

On attend désormais l'appel du 18 juin pour retrouver les goalistes historiques : Charles de Goal à la Flèche d'Or...