Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
l'ayatollah du rock
2 mai 2010

[Warum Joe] une case de pleine

Date : 2 mai 2010

 

Pour un dimanche soir, en fin de vacances scolaires, il faut un sacré courage pour affronter la grisaille bruineuse, en abandonnant femme et enfants, et rejoindre la rue St-Denis, mais l’affiche proposée par le Klub semble vraiment alléchante, alors on sacrifie à son petit confort, on oublie la rediffusion des "fous du stade", et on va rejoindre la petite cohorte des courageux noctambules dominicaux…

 

D’habitude, on peut rajouter plusieurs heures à l’horaire prévu pour les concerts, mais ce soir l’ouverture des portes à 18h00 est suivie du concert à 19h00, ce qui fera que certains spectateurs rateront l’essentiel de la soirée, voire de la tête d’affiche… On ne peut plus se fier aux organisateurs, s’ils se mettent à respecter les horaires ! Mais qu’on se rassure, la salle est loin de sonner le creux à l’heure où les Cristal Palace entament les hostilités, et les 5 membres du groupe (batterie, basse, 2 guitares, une chanteuse) attaquent le set à fond, avec un titre qui évoquerait bigrement les regrettées Sleater-Kinney, si nos Rouennais du jour avaient la moindre idée de ce que cette comparaison peut évoquer… En revanche, on ne se trompe pas vraiment si on affirme que le "Rock / Post-punk" qui suit est très approchant de ce que les Delta 5 étaient capables de pratiquer, le son de guitare est d’ailleurs assez similaire, et cette façon de mélanger rythmes dansants et énergie punk est une totale réussite ! Quand par la suite on revient à des influences qu’on pourrait qualifier de riot-grrrl (comme les SL déjà citées), on comprend qu’une bonne partie du public soit littéralement bluffée, et ce n’est pas l’interprétation très personnalisée du kids in america (Kim Wilde) qui va changer quoi que ce soit à cet état de fait. Ce soir, bon nombre de spectateurs auront découvert un excellent groupe, et on peut penser que la renommée de Cristal Palace va rapidement s’étendre hors de nos frontières…

Ca continue très vite ensuite (le changement de plateau est très rapide) avec un quatuor francilien dont on avait lu le nom sur bon nombre de flyers, mais que l’on découvre ce soir : les Tue Pogo 64 officient dans le "Rock / New Wave / Punk", avec un son effectivement assez proche des premiers albums de the Fall, et un chanteur qui s’amuse visiblement à se faire difficilement comprendre… On notera que le chanteur arbore plusieurs t-shirts historiques, les uns sur les autres (et non, il ne craint pas le coup de chaud !), dont un « Sarkozy/Madelin L'Europe pour la France» et un « Barre Président », ce dernier ne pouvant que rappeler la belle collection du même type que possède le batteur des Charles de Goal ! Si la musique est très intéressante (Mark e. Smith et ses sbires tiennent une large place dans ma discothèque), on peut tout de même trouver que ce côté très irritant, quoique volontaire, peut finir par être répétitif, et lasser plus qu’amuser, à force… Mais on peut également penser qu’avec une autre première partie, inférieure à celle qui leur a été imposée ce soir, les Tue Pogo 64 auraient fait une bien meilleure impression, et on leur accorde un a priori très positif, qui ne demande qu’à être confirmé lors d’une prochaine prestation…

 

Qu’on ne s’y trompe pas, le public, s’il a apprécié les deux premières parties, s’est surtout déplacé pour assister à la prestation de Warum Joe, trop rare sur les scènes de France et de Navarre, quoiqu'on les ait aperçus il y a six mois à la Pena Festayre, et on sent que l’atmosphère est très bon enfant, et que tout sera apprécié de la part du groupe… Cela se confirmera lorsque l’inévitable "problème technique" (sur la boîte à rythmes) interrompra le concert, le public restera sagement massé devant la scène sans faire le moins du monde ressentir un quelconque énervement. Il faut dire que les six membres du groupe (ceux qui connaissent le Klub applaudiront à l’exploit, vu l’exigüité des lieux et de la scène) vont parcourir l’ensemble de leur discographie, pas si étendue que cela d’ailleurs, surtout pour un groupe qui s’agite depuis bientôt 30 ans… Ca démarre sur les chapeaux de roues avec le camionneur, qui préfigure une belle exposition de l’album "toccare la verita" (le plus représenté, avec également le corbeau, état de grâce ou ukraine hop), qu’on peut considérer comme le premier véritable album du groupe… La suite du set permet de se balader au fil du temps, avec des textes toujours aussi incisifs quelle que soit la période d’origine, qui font toujours preuve d’une distance assez cynique vis-à-vis de notre société, sur une musique où les guitares et les boîtes à rythmes s’équilibrent pour apparaître comme aussi essentielles les unes que les autres… Si on a droit à quelques titres du plus récent album "au milieu de ta forme" (utah bitch, mon goal, love me tendo, ballroom au ritz), mais aussi de très anciens (el condor, datcha l’incontournable, idi amin ou effluves, et aussi bogota qui ouvre le rappel), dans un cas comme dans l’autre le public est connaisseur puisqu’il semble quasiment connaître toutes les paroles par cœur… en tout cas parfois plus que le chanteur, qui en l’absence de son cahier aide-mémoire nous offre quelques moments de profonde solitude lorsqu’il se rend compte qu’il a oublié certains textes ! Mais l’ambiance est quasi familiale (enfin, ça dépend des familles, bien sûr !), et tout est toujours pardonné, les enchaînements incertains comme les trous, il suffit d'en remettre une nouvelle couche, très énervée avec dactylo ("la méthode du discours", accompagné de loto critique ou bloody mary) ou légèrement plus calme (sun tsu, seul extrait de "allah mode"), et les classiques peine totale ou sang famille ("la revanche
de montezuma") remettent tout le monde sur le droit chemin ! L’avant-dernière galette en date "aime le maudit" est également de la fête, avec carpates show ou beryllium tremens (ah, ces jeux de mots !) et surtout la reprise adaptée du action time vision (ATV) transformée ici en a.i.d., et s’il manque un titre, ce ne sera pas électrolyse, qui densifie le rappel jusqu’au bout pour maintenir l'attention du public… L’ultime titre est la reprise de l’aigle noir (Barbara), histoire de montrer que les punks ont aussi des lettres, et c’est donc avec le sentiment du devoir accompli que le groupe peut quitter la scène, assez tôt (22h15), mais en ayant ravi tout le public présent ! 

 

Ce mardi, direction la Maroquinerie avec Luke Haines, un changement total d’optique musicale…

 

Publicité
Publicité
Commentaires
l'ayatollah du rock
Publicité
Archives
Pages
Derniers commentaires
Newsletter
17 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 92 258
Publicité