[the Stranglers] (not so) nice & sleazy

Date : 6 avril 2007

Comment partir sur de mauvaises bases ? Déjà, se pointer devant le Bataclan, juste à l'heure, et s'apercevoir que c'est fermé, vérifier son billet, se rendre compte qu'il faut filer à la Cigale et qu'on risque de rater la première partie...

Ayant battu des records de vitesse dans les correspondances, on se dit qu'on n'a que 20 minutes de retard, et que le groupe qui est sur la scène n'a dû y monter que depuis 5 minutes... et que finalement, on n'aurait pas dû se presser ! Car les 4 jeunes de BP Zoom sont directement proches de l'aller-retour spontané, puisqu'ils reprennent de manière lamentable quel bel avenir : la musique est une copie conforme de l'original de Starshooter (non mentionné, d'ailleurs...), tandis que les paroles "adaptées" doivent faire pleurer de rire l'ami Kent ! La suite, c'est une succession de morceaux excessivement typés 80's, à un point qu'on n'aurait jamais imaginé : le boys band imite Scorpions à la perfection, et se prend dans la foulée pour les Porte-Mentaux... A 20 ans à peine, c'est tout de même dommage de ne pas avoir une once d'imagination ni d'inventivité ! Remarquez, ce genre de première partie permet à la tête d'affiche de sembler excellente à tous les coups...

Il y a moins de 6 mois, Hugh Cornwell était venu jouer à la Java, et alternait avec bonheur titres des Stranglers et titres personnels. Occasion était donnée ce soir de comparer les carrières des uns et des autres, puisque les Stranglers, ou ce qu'il en reste, s'offraient à nous. Ce qu'il en reste, car si JJ Burnel et Dave Greenfield sont toujours fidèles aux postes de bassiste et clavier, le très vieux Jet Black n'est pas derrière ses fûts, hospitalisé qu'il a été suite à une longue carrière derrière la ligne... Il est remplacé par son roadie (!), et les guitares et les parties principales de chant sont assurées par une très pâle imitation de HC, qui passe son temps à faire des grimaces, à copier les parties de guitares, et à tenter d'assurer une relève honnête au chant, ce qui est d'ores et déjà voué à l'échec... Pendant 1h30 chrono, de 5 minutes à no more heroes, on a droit à un genre de tribute-hommage à la période historique du groupe, puisque seuls 6 morceaux "récents" (c'est-à-dire des 15 dernières années...) seront joués, et nous démontreront que décidément c'était bien Cornwell qui possédait le talent dans le quatuor : morceaux lourds, sans intérêt, avec même un peu de country histoire de cacher la misère...

Mais qu'on ne s'y trompe pas, les morceaux anciens, s'ils sont repris en choeur et rendent le public béat, ne valent pas vraiment le coup, hormis leur caractère intemporel : soit ils sont interprétés à la note près comme les versions originales, soit les variations ne font qu'aggraver le cas... La période de prédilection (les trois premiers albums) est largement majoritaire, puisque seuls golden brown ("la folie"), duchess et nuclear device ("the raven"), l'infâme always the sun ("dreamtime") n'en feront pas partie... Place donc à "no more heroes" (avec dagenham dave et burning up time), "rattus norvegicus" (avec grip, peaches, hanging around et london lady) et "black & white" (death & night & blood et l'incontournable nice & sleazy) pour remuer des souvenirs qui seront tout de même légèrement ternis par cette prestation pour le moins en demi-teinte... Les reprises ne sauvent pas l'affaire, car si walk on by est juste moyenne, all day & all of the night est proche du massacre, et si on quitte la salle en sifflotant, cela tient plus au fait d'avoir enfin (et pour la dernière fois...) vu un groupe avec lequel on a grandi qu'à la satisfaction d'un concert mémorable ! Bref, Hugh peut revenir quand il veut, c'est assurément lui qui détient la vérité et le savoir-faire...

Demain, on va tester les jeunes Kaligaré au Sentier des Halles.